Les débats récents sur la répartition du PIB français entre dépenses sociales et militaires semblent être consubstantiels à nos démocraties modernes. Mais ils agitaient déjà l’Athènes du IVe siècle av. J.-C, comme l’expliquent Raphaël Doan, haut fonctionnaire et essayiste, auteur de « Si Rome n’avait pas chuté » (Passés composés, 2023) et François Lefèvre, professeur d’histoire grecque à Sorbonne Université, auteur d’« Histoire antique, histoire ancienne ? » (Passés composés, 2021).
« La dette sert à financer des canons, pas des prestations ». C’est ainsi que Nicolas Dufourcq, président de la Banque publique d’investissement, a récemment appelé à réduire nos dépenses de retraites et de prestations sociales, qu’il juge excessives, afin d’allouer cet argent à notre défense. Comme l’a diplomatiquement dit Emmanuel Macron le 5 mars dernier, l’évolution de la guerre en Ukraine et le retrait annoncé des États-Unis du théâtre européen nous conduisent à « de nouveaux choix budgétaires ». Mais d’autres refusent absolument cet arbitrage : pour François Ruffin, « la guerre ne doit pas être le prolongement de la casse sociale par d’autres moyens ». Les dépenses sociales équivalent à un tiers du PIB et sont de loin le premier poste de dépenses publiques.
Une alternative consubstantielle à nos démocraties
Les dépenses militaires, qui représentent en France environ 2 % du PIB, devraient atteindre au moins 3,5 % pour faire face à la menace, d’après la plupart des analystes. Les termes du débat sont aussi clairs que difficiles : si nous voulons assurer efficacement notre défense, il faut trancher entre les dépenses sociales et les dépenses militaires, ou du moins, baisser les premières pour augmenter les secondes.