A la veille de la demi-finale des qualifications de la zone Océanie pour la Coupe du monde 2026, Samuel Garcia s’est confié auprès de RMC Sport sur le duel à venir entre son équipe de Tahiti et la Nouvelle-Calédonie. Ambitieux mais humble avant ce choc au fort accent français entre deux territoires ultramarins, le sélectionneur des Toa Aito s’est réjoui de voir l’une des deux nations pacifiques se retrouver à seulement deux matchs du Mondial ou d’un barrage intercontinental.
Samuel Garcia, votre équipe de Tahiti affronte la Nouvelle-Calédonie ce vendredi quelle importance a le football dans ce territoire?
Sur Tahiti, le football a une bonne importance, même si nous ne sommes pas beaucoup de licenciés. Mais enfin, sur la zone Océanie, c’est vrai que le football est très populaire. On va prendre tous les pays d’Océanie, le Vanuatu, Salomon, la Nouvelle-Zélande, Tahiti, Papouasie-Nouvelle-Guinée. C’est vrai que c’est assez populaire même si on est marqué rugby dans notre région, mais les gens sont fans de football.
Tahiti se retrouve à deux matchs, deux victoires, potentiellement d’une qualification à la Coupe du monde 2026, ce serait l’aboutissement d’une vie, un exploit ou est-ce que ça vous parait logique compte-tenu du travail réalisé ces dernières années et de l’ouverture de la Coupe du monde à plus de nations?
C’est sûr que l’ouverture à plus de nations nous facilite la tâche parce que maintenant on a une place et demie donc il y a beaucoup plus d’opportunités pour nous. Après on sait qui nous sommes, on ne se compare pas au football européen. Mais pour des petits pays d’outre-mer comme la Calédonie ou comme Tahiti, c’est quelque chose d’exceptionnel de pouvoir, au minimum, jouer des barrages intercontinentaux. Parce qu’après, de parler de la Coupe du Monde, il y a encore du chemin, il y a déjà un match de vendredi, parce qu’il faut passer par le match de vendredi et c’est vraiment lui le plus important. Et après, à l’autre côté, tu as la Nouvelle-Zélande et les Fidji. Bon, quand tu regardes un peu l’échiquier du football océanien, la Nouvelle-Zélande est vraiment au-dessus, ils n’ont que des internationaux et des joueurs qui jouent en Europe comme Chris Wood qui brille en Premier League (avec Nottingham Forest, ndlr). Ils sont beaucoup plus structurés que nous, mais c’est vrai que ça crée un engouement, les gens sont derrière, ils y croient, voilà c’est quelque chose de particulier, d’enthousiasmant on va dire pour le football de notre région.
Et vous en parliez justement. En cas de victoire ce vendredi, ce sera probablement la Nouvelle-Zélande en finale, ou les Fidji donc. A vos yeux, pour votre équipe ou pour les Cagous calédoniens, est-ce que ce serait possible ou l’écart est-il déjà trop grand avec la Nouvelle-Zélande? Parce que votre sélection l’a déjà fait en 2012, en gagnant le tournoi continental…
Oui, en gagnant contre la Nouvelle-Calédonie 1-0 à Honiara aux Îles Salomon. Et la Nouvelle-Zélande avait perdu à l’époque contre la Calédonie. Mais ce n’est plus la même Nouvelle-Zélande maintenant. À l’époque, il nous avait pris un peu de haut, donc ils s’étaient fait enlever à Honiara devant 15.000 spectateurs, dans le feu là-bas l’après-midi. Aujourd’hui, le football de la Nouvelle-Zélande a pris son essor. Ce n’est pas une chose qu’on évoque, on est des gens humbles, on bosse, on veut d’abord se concentrer sur ce qui va se passer vendredi. On a passé une belle semaine là encore avec un groupe de garçons merveilleux, on a besoin encore de progresser. Après une éventuelle finale… on avait perdu 1-0 à Doha en 2022. Même si la Nouvelle-Zélande est au-dessus sur le papier. Tout peut arriver dans un match de football, c’est déjà arrivé. On a des exemples qui sont concrets en Coupe de France, mais là on est chez eux à domicile, on est en Nouvelle-Zélande. On ne s’est vraiment pas projeté sur la finale, on est vraiment sur le match de vendredi qui sera déjà très difficile.
Et sportivement parlant, quelles sont les sélections un peu rivales de Tahiti? La Nouvelle-Calédonie par exemple, c’est un autre territoire lié à la France, des cousins un petit peu. Vous échangez par exemple avec votre homologue calédonien ou pas?
Oui, oui, complètement. Et puis il y a beaucoup de joueurs qui viennent jouer à Tahiti. On a des relations constantes, même si on est séparés de cinq heures de vol. Il y a beaucoup d’affinités. C’est une histoire… L’histoire fait que nous sommes très proches, l’histoire du football océanien. Donc il y a beaucoup de respect entre les deux sélections, entre les joueurs. Après, ça sera un match pour une finale donc c’est toujours des matchs âpres, compliqués et dans un environnement où on joue très peu. Vraiment sur un super stade à Wellington, donc ça va être une belle demi-finale. Une belle demi-finale des pays d’outre-mer on va dire, dans notre zone.
Vous parliez des pays d’outre-mer, concrètement est-ce que la Fédération tahitienne et la sélection sont en lien avec la Fédération française ou êtes-vous êtes complètement indépendants au quotidien. Comment est-ce que vous travaillez?
La Fédération tahitienne de football est affiliée à la FIFA, est une fédération autonome. Mais il y a quand même une convention avec la FFF. Donc la ‘3F’ permet à la fédération tahitienne d’obtenir des cadres, de gérer la formation. Au niveau de l’encadrement du football de masse, il y a un soutien considérable de la ‘3F’ et avec la FIFA aussi, avec leurs programmes, notamment le programme TDS (Programme de développement des talents, ndlr). Il y a de très bonnes relations entre les fédérations, nos fédérations, que ce soit la fédération calédonienne ou la fédération tahitienne de football avec la FFF.