Un expansionnisme russe, des minorités orthodoxes, des armes nouvelles… La ressemblance est saisissante entre le conflit sur les bords de la mer Noire au milieu du XIXe siècle et celui d’aujourd’hui entre Moscou et Kiev.
Malako, boulevard de Sébastopol… Malgré ces vestiges, la guerre de Crimée est sortie de la mémoire collective. Un conflit, au cours duquel une coalition de Français, de Britanniques, d’Ottomans et de Piémontais stoppe l’expansionnisme russe, de 1854 à 1856, causant la mort de quelque 800 000 soldats (la majorité de maladie) et dont l’écho résonne aujourd’hui.
Depuis son avènement, le tsarat de Russie, devenu un empire en 1721, grignote du terrain au sud, au détriment de son voisin ottoman. En 1783, Catherine II met la main sur la Crimée, provoquant le départ des populations tatares de la région. La mer Noire devient, dans les années 1830, un « lac russe », selon le ministre français des Affaires étrangères François Guizot. Forte de cette position avancée, la Russie scrute avec appétit l’érosion de l’Empire ottoman, « homme malade de l’Europe », selon Nicolas Ier. Le tsar invoque sa mission de protection des populations orthodoxes vivant sur le territoire de son voisin afin de s’ingérer dans les affaires de la Sublime Porte.