Depuis quelques années, le neuvième art investit le terrain de l’investigation à coups de titres donnant à lire d’authentiques enquêtes journalistiques mises en images. Ces temps-ci, le mouvement s’accélère. Une alternative pour lecteurs pressés ?
Pas moins de dix livres ont déjà été consacrés à l’affaire Ben Barka. S’y ajoute Ben Barka, la disparition. Sa particularité ? Il s’agit d’une bande dessinée. Avec un trait vif proche de l’esquisse, Jacques Raynal donne ici corps au texte de David Servenay, journaliste et scénariste de BD… rompu à l’enquête mise en bulles, notamment en tant que cofondateur de La Revue dessinée, trimestriel né en 2013 qui a fait, avec succès, de ce nouveau segment littéraire sa spécialité. Les marqueurs du genre ? Des sujets riches en révélations, narrés par un journaliste (ou deux) et un dessinateur réaliste, sur 80 pages, à plusieurs centaines de planches.
Loin du simple résumé illustré de l’une des affaires les plus sulfureuses de la Ve République, ce Ben Barka, dont l’idée vient de son fils Bachir Ben Barka, est le fruit de plusieurs années de travail. De fait, ses 145 pages apportent du neuf sur la disparition, le 29 octobre 1965, de cet opposant au roi du Maroc Hassan II, enlevé en plein Paris par une équipe mêlant policiers français et barbouzes. Les sources de la BD ? L’épais dossier judiciaire, toujours ouvert, et une série d’entretiens inédits.