Voilà un événement rarissime pour la Société Générale. Ce mardi, une cinquantaine de salariés se sont réunis dans la matinée devant le siège de Société Générale à La Défense, près de Paris, alors qu’une grève touché le groupe bancaire à l’appel de l’ensemble des syndicats. « La direction générale doit considérer ses salariés en France et respecter le dialogue social. Nous attendons autant d’ambitions pour le capital humain que pour la rentabilité économique de l’entreprise », soulignent les syndicats.
L’intersyndicale a lancé ce mouvement après l’échec des négociations annuelles obligatoires (NAO) fin 2024. « Les salariés attendent chaque année une négociation sur les salaires. Et l’année dernière, la direction a rejeté les demandes des organisations syndicales alors qu’on était prêt à discuter », explique à La Tribune Daniel Petrucci, le secrétaire général du SNB CFE-CGC Société Générale.
Des salariés qui se sentent floués
Le cœur de la discorde se trouve donc autour de la rémunération. « La Société générale a annoncé un résultat record dû au travail des salariés. Et l’entreprise a décidé de récompenser les actionnaires de 1,7 milliard d’euros et rien pour les salariés », regrette le responsable syndical.
De son côté, la direction a précisé qu’elle « compte attribuer en 2025 une enveloppe représentant environ 3 % de la masse salariale (…) au travers de différentes mesures collectives et individuelles », plus que le « niveau de l’inflation prévu » cette année. Insuffisant pour les grévistes qui espèrent « que cette action va permettre à la direction de prendre conscience des attentes en amont des négociations sur l’emploi dans les prochains mois et sur les salaires à l’automne prochain », confie Daniel Petrucci.
Fermetures d’agences et de postes
Mais la question de la rémunération « n’est que la goutte d’eau », ajoute le syndicaliste. Depuis son arrivée à la tête de la banque en mai 2023, le directeur général Slawomir Krupa mène plusieurs chantiers de transformation, avec la vente des filiales jugées moins rentables et une chasse aux coûts à tous les étages, dont l’impact est particulièrement fort sur l’emploi.
La banque, qui emploie 119 000 personnes, a annoncé la fusion des deux réseaux historiques, Société Générale et Crédit du Nord qui s’accompagne de 3 700 suppressions de postes. Dans le même temps, le groupe a annoncé 950 suppressions de postes en 2024 dans les fonctions centrales. « Il y a une situation très anxiogène à la Société générale. Beaucoup de salariés ont besoin d’exprimer leurs inquiétudes par rapport à un avenir incertain » , résume Daniel Petrucci.
Un problème commun à de nombreuses banques
Pour autant, le géant bancaire n’est pas le seul à faire des coupes dans ses dépenses. Selon un communiqué de Force ouvrière, publié ce mardi, BNP Paribas prévoit de réduire d’environ un tiers son réseau d’agences en France d’ici 2030, ce qui devrait se traduire par quelque 500 fermetures alors que le groupe en compte aujourd’hui 1 500.
En décembre, c’est la direction de CCF, ayant repris les activités en France de HSBC, qui avait annoncé la suppression de 1 400 postes (30 % de ses effectifs) et la fermeture de plus de 80 agences en France. En réponse, l’intersyndicale FO, CFTC, CFDT et CFE CGC avait appelé les salariés à la grève en février.
Ces décisions font suite à la montée en puissance des banques en ligne et la baisse de fréquentation des agences. Selon une étude du cabinet Sia Partners, seuls 36 % des clients se rendent désormais en agence au moins une fois par trimestre, contre 41 % il y a dix ans.
En conséquence, « il y a un mal-être ambiant dans le secteur bancaire, qui n’est pas près de s’arrêter, avec la concentration des réseaux bancaires et l’avancée des technologies comme l’intelligence artificielle qui pourrait nuire aux emplois dans le secteur », reconnaît Daniel Petrucci. « A la Société Générale 57 % des salariés ont un risque élevé ou très élevé de burn-out ou d’épuisement professionnel, contre 44 % dans le reste des banques », conclut-il.
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Maxime Heuze