Que traduit le limogeage soudain de Luc Rémont, désormais ex-patron d’EDF, l’opérateur national historique de production d’électricité dont le principal actionnaire est l’État ? Certainement une difficulté à conjuguer service public essentiel assuré par une entreprise privée, et souveraineté nationale, le tout dans un contexte international tendu. La renationalisation d’EDF en 2023 n’a pas suffi. Notre éditorialiste, Natacha Polony, estime par exemple que la France doit développer l’ensemble de son tissu industriel si elle entend se réarmer.
Un grand patron viré du jour au lendemain par son actionnaire unique, c’est assez classique. Quand l’actionnaire est l’État français et que cette entreprise est l’opérateur historique de production d’électricité, cela n’a plus rien d’anecdotique mais révèle au contraire une des fragilités majeures de la France dans un contexte international de compétition économique farouche et de brutalisation des relations internationales.
Luc Rémont, polytechnicien devenu directeur du Trésor puis banquier d’affaires après être passé par différents cabinets ministériels, a livré dans la presse sa vision du divorce. Les citoyens français en retiendront l’idée que la renationalisation d’EDF, annoncée en 2022 et mise en œuvre en 2023 pour 9,7 milliards d’euros, n’a pas suffi à résoudre une équation complexe : celle d’une entreprise privée assurant un service public essentiel et répondant à des impératifs de souveraineté nationale.