Alors que les députés s’apprêtent à se prononcer sur la proposition de loi contre le narcotrafic, Aurélien Martini, secrétaire général adjoint de l’Union syndicale des magistrats (USM), déplore un texte vidé d’une partie de sa substance malgré quelques avancées notables comme l’évolution du statut de repenti. Le risque, selon lui ? D’être « totalement débordé » par le crime organisé.
Marianne : Quelle était votre position quant à la proposition de loi du Sénat visant à renforcer la lutte contre le narcotrafic ?
Aurélien Martini : Avant même de parler de la partie normative, nous étions déjà très satisfaits du constat établi par le Sénat, qui soulignait que nous sommes véritablement arrivés à un « point de bascule » et qu’il est urgent d’agir vite, sous peine d’être totalement débordés. C’était déjà une belle avancée. Les propositions issues du Sénat avaient été très favorablement accueillies par les acteurs de terrain, des gendarmes et policiers aux magistrats. Elles portaient notamment sur la nécessaire loyauté dans le débat judiciaire, qui doit également s’imposer aux avocats de la défense pour éviter les stratagèmes visant à provoquer artificiellement une nullité de procédure – comme noyer une demande de remise en liberté dans un mémoire de 400 pages.