Depuis qu’il a recruté Guillaume Meurice sur Nova, le magnat des médias, passé de « DSK boy » à « Mélenchon compatible », se pose en grand défenseur de la liberté d’expression face au groupe Bolloré et au « média d’État » Radio France. Si l’intéressé rêve d’étendre sa petite entreprise à d’autres organes d’information de gauche, pas certain qu’il ait les moyens de son ambition.
Avec lui, tout commence souvent par des si. Juin 2024, l’alliance du Nouveau Front populaire émerge. En coulisses, son téléphone chauffe. Matthieu Pigasse décroche ; au bout du fil, Olivier Faure. « Si le NFP l’emporte, tu pourrais devenir ministre ? », questionne le patron du PS. Le socialiste et le banquier échangent régulièrement depuis plusieurs années. Pigasse hésite un instant. Un banquier d’affaires dans un gouvernement de gauche ? « No way, je serai à l’extérieur, mais je vous accompagnerai », répond-il finalement. La suite, tout le monde la connaît.
Ce n’est pas la première fois que Matthieu Pigasse se retrouve à la croisée des chemins. En 1994, le jeune énarque envisage de quitter l’Hexagone pour faire de l’humanitaire. Deux hommes l’en dissuadent, François Villeroy de Galhau, actuel gouverneur de la Banque de France, et Nicolas Théry, ex-président du Crédit mutuel, qui lui glissent : « Dans l’administration aussi tu pourras servir le bien public. » Le haut fonctionnaire coupe la poire en deux. En stage à la préfecture de l’Yonne, Pigasse participe, le soir venu, à des maraudes en bénévole. Trente ans plus tard, et alors qu’il reçoit Marianne dans son bureau à Combat, son groupe de médias, on se dit qu’à bientôt trois fois vingt ans il n’a pas renoncé à son ambition : sauver le monde.