Non seulement on n’est pas fini à 62 ans, mais on peut atteindre des sommets, rappelle Frédéric Taddeï, directeur du magazine « Marianne » : Louis Pasteur met au point le vaccin contre la rage. Nicéphore Niépce invente la photographie, et Meryl Streep reçoit son troisième Oscar et son huitième Golden Globe.
Beaucoup y ont pensé, à commencer par le général de Gaulle. À 62 ans, il se sent vieux et fatigué. « Vous voyez de Gaulle passant une revue des troupes avec des lunettes épaisses sur le nez ? », demande-t-il à son gendre, avant de conclure : « Non, ce n’est pas possible, il faut savoir tourner la page. » Finalement, il se fera opérer de la cataracte et reviendra au pouvoir cinq ans plus tard. Staline, à 62 ans, est pris complètement au dépourvu par l’attaque surprise de l’armée allemande. Après la chute de Minsk, il se retire dans sa datcha et s’y terre pendant plusieurs jours. Molotov le décrit comme « hagard, tel Ivan le Terrible » et s’attendant à tout, y compris à sa destitution. Mais le Vojd reprend vite du poil de la bête et se consacrera jour et nuit à la guerre, jusqu’à la victoire totale.