En ce « jour de libération », Donald Trump frappe fort. 20% de taxes douanières contre l’Union européenne, 34% supplémentaire contre la Chine, 26 % contre l’Inde… Le secteur de l’automobile n’est pas épargné avec une taxe de 25 % sur les voitures et pièces importées dans le pays outre-Atlantique dès jeudi. Certains produits échappent toutefois aux sanctions. Eléments d’explication.
Les semi-conducteurs
Le président américain avait menacé de taxer à 100 % les semi-conducteurs importés de Taïwan. L’île est l’un des principaux fabricants au monde de ces puces stratégiques à l’heure de l’intelligence artificielle. Mais pour séduire Trump, le taïwanais TSMC a promis un nouvel investissement de 100 milliards de dollars aux États-Unis en mars.
Plus largement, les puces sont cruciales pour des secteurs clés comme la défense, l’aérospatiale, l’informatique… Elles sont présentes dans de nombreux produits du quotidien, des smartphones à nos ordinateurs en passant par les voitures. Même si les États-Unis produisent leurs propres puces, ce n’est pas suffisant pour répondre à la demande : le géant américain Intel spécialiste du secteur accumule les difficultés et les retards dans la construction de ses usines. Des taxes sur les semi-conducteurs auraient fortement pénalisé des entreprises américaines comme Nvidia, Apple, et AmMD. Ces derniers conçoivent des puces mais les font fabriquer à l’étranger, notamment par TSMC.
Les produits pharmaceutiques
Les produits pharmaceutiques passent eux aussi entre les mailles du filet. Les États-Unis affichent pourtant un déficit commercial de 120 milliards de dollars sur ce secteur, dont 67 milliards d’euros vis à vis de l’Europe. La Chine exporte également de nombreux principes actifs.
Une augmentation des taxes aurait surtout été un coup dur pour les Américains : les prix auraient augmenté alors que plus d’un tiers de leurs dépenses concernent des produits importés et que la santé représente un poste de dépense déjà important.
Les minéraux «introuvables» sur le sol américain
La Maison Blanche a publié une longue liste de minéraux critiques épargnés par les taxes. Parmi eux : le cobalt, le graphite, le lithium, le tantale… Les minéraux critiques sont essentiels dans de nombreux produits technologiques comme les batteries et les semi-conducteurs. Ils sont également nécessaires pour la transition énergétique, étant présent dans les éoliennes et les panneaux solaires.
Les États-Unis sont donc dépendants des pays étrangers pour leurs approvisionnements en minerais critiques. « Le graphite, le manganèse et les terres rares sont en effet peu présents dans le sous-sol du pays, tandis que les gisements de nickel ou de cobalt américains sont éclipsés par ceux de géants tels que la République démocratique du Congo, l’Indonésie, ou encore les Philippines », écrivait Raphael Deberd l’année dernière dans une note de l’Ifri.
Produits énergétiques
Le premier producteur mondial de pétrole n’a pas imposé de taxes supplémentaires sur l’or noir et plus largement les produits énergétiques. Les États-Unis ont déjà mis en place des taxes de 10 % sur le pétrole et le gaz canadien alors que le pays dépend largement de ces importations. En 2023, le pétrole canadien représentait 60 % des barils de brut.
Cela n’empêche pas le président de faire flamber les cours : à 14h10, le cours du baril de Brent de la mer du Nord perdait 3,43 % et son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, reculait de 3,71 %.
Les matériaux : cuivre, bois de constructions, lingots d’or…
Plusieurs matériaux sont épargnés, tels le cuivre, le bois de constructions ou encore les lingots d’or. En 2023, le pays a importé pour plus de 3 milliards de dollars de cuivre, d’après les chiffres de Trademap. « Le cuivre est un métal critique, et son approvisionnement est essentiel pour notre sécurité nationale […] mais le déversement de cuivre étranger sur le marché américain a fortement touché la production nationale », avait à ce sujet critiqué Donald Trump. Les États-Unis importent principalement du Canada et du Chili et le métal est surtout utilisé dans la défense pour fabriquer les avions, ou encore dans les câbles électriques et centres de données.
Le bois de construction va être aussi épargné alors qu’il était en ligne de mire du républicain. « Les États-Unis font face à des vulnérabilités significatives dans la chaîne d’approvisionnement en bois en raison du dumping dont fait l’objet le bois importé sur le marché américain » avait également déclaré le président. En 2023, toujours d’après Trademap, le pays a importé plus de 3 milliards de dollars de bois, et enregistre un déficit commercial de 1,1 milliard de dollars avec le reste du monde.
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