Dans « Nos dernières fois » (Allard éditions), Sophie Galabru transforme sa propre nostalgie en un objet de questionnement, explorant les multiples façons d’habiter le temps. La philosophe met en lumière les vertus de l’enfance où l’insouciance, la vitalité et l’imaginaire, insufflent au temps une infinité de possibles.
Sophie Galabru signe Nos dernières fois. Défier la nostalgie (Allard éditions) un bel essai sur le concept de fin, cette notion ambivalente qui incarne tant la rupture – un changement soudain marquant la fin d’un cycle et l’aube d’un autre – que la destination, le but ultime. À travers des scènes de films, des fragments de vie, des théories philosophiques, la philosophe interroge l’essence même du temps, scrutant la manière dont il peut éveiller en nous la puissance, mais aussi, nous laisser démunis face à ce qu’il emporte. Marianne est allé à sa rencontre.
Marianne : Vous vous intéressez à nos « premières » et à nos « dernières fois ». Or notre naissance, tout comme notre mort, nous échappent : on ne les vit pas consciemment. Par ailleurs, la fin désigne ce qui est terminé et ce vers quoi l’on va. Cette condition, qui est la notre, est-elle responsable de notre nostalgie ?
Sophie Galabru : Il est vrai que la fin ultime, ce coup d’arrêt absolu, peut à la fois fracturer le sens de la vie – on peut avoir l’impression que la vie ne sert à rien puisque tout va être défait – et en même temps, c’est par rapport à elle qu’il faut se décider rapidement à effectuer des choix avec un certain sérieux, pour ne rien regretter. Je suis de plus en plus détachée de l’idée que la vie doive avoir un sens. Quelle est la signification au fait d’exister ? Je ne le sais pas.