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Migration “choisie”
Par Valentine Daru
Publié le
Le président américain Donald Trump a présenté ce jeudi 3 avril la « gold card », un visa permanent pour les États-Unis à 5 millions de dollars, pour attirer les investisseurs étrangers qui souhaiteraient obtenir la citoyenneté américaine. Un tournant dans la politique migratoire de l’administration américaine.
À bord de l’avion présidentiel, Donald Trump a présenté ce jeudi 3 avril la « Trump Card », un nouveau visa qui a pour but d’offrir une résidence permanente et une voie d’accès à la citoyenneté pour les citoyens étrangers fortunés… pour la modique somme de 5 millions de dollars (environ 4 553 000 euros) !
L’objectif est simple (et simpliste) : « Les gens riches arriveront dans ce pays en achetant cette carte. Ils seront riches, ils auront du succès, ils dépenseront beaucoup d’argent, ils paieront beaucoup d’impôts et emploieront beaucoup de monde », avait affirmé le président en février dernier dans le Bureau ovale lorsqu’il avait présenté ce nouveau programme de visa.
Si ce programme a pour but de « faire venir des gens dans l’informatique qui créent des emplois, des gens de très haut niveau », assure le président américain, il promet aussi de participer à « réduire le déficit fédéral », selon le The Washington Post. « Si nous vendons 200 000 cartes en or, cela représente 1 000 milliards de dollars pour rembourser notre dette », a affirmé le ministre américain du Commerce, Howard Lutnick, qui affirmait fin mars que 1 000 cartes avaient d’ores et déjà été vendues.
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Plus tôt cette semaine, le ministre américain du Commerce a déclaré que cette « gold card » remplacerait l’actuel système de visa EB-5, un programme créé en 1990 qui permet aux « investisseurs étrangers d’obtenir une carte verte s’ils investissent 1 million de dollars dans une nouvelle entreprise, ou 500 000 dollars dans une nouvelle entreprise située dans une région économiquement défavorisée, et créent au moins 10 emplois à temps plein », selon le Washington Post. Mais selon l’administration de Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l’immigration clandestine l’une de ses priorités, il est sujet à trop de fraudes et doit être remplacé.
Le Congrès court-circuité
Jusqu’ici, les bénéficiaires du visa EB-5 devaient vivre en tant que résidents permanents légaux aux États-Unis pendant cinq ans, avant de pouvoir prétendre à la citoyenneté américaine. C’est ensuite au Congrès de déterminer les conditions d’obtention de la nationalité. Mais cette fois-ci, Donald Trump a affirmé que les « gold card » ne nécessiteraient pas l’approbation du Congrès, au motif qu’il ne s’agit pas ici de « citoyenneté ».
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Les experts en immigration ont tour à tour affirmé leur scepticisme quant à sa capacité à mettre en œuvre ce changement sans le Congrès. Stewart Verdery, fonctionnaire du Département de la Sécurité intérieure sous l’administration George W. Bush, a pour sa part émis des réserves quant à la possibilité de Trump de mettre en œuvre les changements proposés sans le Congrès. Il juge que ce sera sans doute un « combat difficile », à moins que l’administration Trump ne mette en place un processus réglementaire pour modifier le programme EB-5, la majeure partie de ce programme étant « légalement limitée », affirmait-il au Washington Post.
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Muzaffar Chishti, chercheur principal au Migration Policy Institute, a déclaré au Washington Post que « seul le Congrès pouvait mettre fin au programme de visas EB-5 pour les investisseurs que Trump et Lutnick souhaitent remplacer », ajoutant que cette annonce « marquait un tournant politique pour Trump par rapport à sa première administration », qui était extrêmement restrictive à l’égard de tous les étrangers, qu’importe leur niveau de richesses ou leurs qualifications.
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne