Gabriel Malek, essayiste et auteur « Les sensei de la décroissance » (Payot), nous explique les raisons du mépris d’Hayao Miyazaki à l’égard de l’intelligence artificielle, alors que ChatGPT reproduit son esthétique depuis plusieurs jours.
Depuis une semaine des dizaines de milliers d’images ressemblant aux productions du studio japonais Ghibli ont envahi les réseaux sociaux, au grand mépris des droits d’auteur. La faute en incombe à la dernière mise à jour de l’intelligence artificielle (IA) générative ChatGPT. Des images cool et mignonnes, mais qui ne doivent pas plaire à Hayao Miyazaki, cofondateur du studio d’animation et surtout père de cette esthétique. Il est en effet de notoriété publique que l’auteur japonais méprise l’IA. Mais pour quelle raison ? Essayiste et auteur de Les sensei de la décroissance (Payot), Gabriel Malek nous aide à comprendre la pensée politique de Miyazaki.
Marianne : On sait que Miyazaki déteste l’IA. Pourquoi ?
Gabriel Malek : Depuis quelques jours, une nouvelle tendance s’est emparée d’internet qui consiste à partager des images générées par IA inspirées du style du Studio Ghibli. C’est une nouvelle fonction de ChatGPT, développée sans l’accord du Studio, ce qui pose des questions de droit d’auteur. Ses usages politiques se multiplient. La Maison-Blanche a même posté il y a quelques jours une image Ghibli, d’une ressortissante dominicaine interpellée pour trafic de stupéfiants. C’est vraiment un comble quand on sait qu’en plus d’être un militant écologiste et antifasciste, Hayao Miyazaki est un pourfendeur de l’utilisation de l’IA dans l’art !