Ils prolifèrent dans les villes, s’invitent dans nos maisons alors que nous les détestons. Ils se cachent dans les méandres de notre psyché et hantent nos imaginaires. En ces temps de querelles et de bannissement, le diabolique rongeur refait surface comme métaphore stigmatisante. Un livre de Julie Delfour, « le Rat. Frère des lisières » (Klincksieck), raconte son histoire, inséparable de celle des hommes.
« Au commencement » les rongeurs, porteurs de parasites, notamment de poux et de puces, sont qualifiés d’impurs (Lévitique 11). Très longtemps, dans l’imaginaire collectif, le lien est fait entre le rat et la peste (la plus redoutable des trois épidémies étant la peste noire qui a décimé la population européenne au XIVe siècle). Ce n’est qu’en 1894 qu’Alexandre Yersin, de l’Institut Pasteur, découvre le bacille de la peste et identifie les puces qui vivent au crochet des rats comme les premières responsables de la transmission de la maladie aux hommes. Déclaré non coupable, l’animal reste néanmoins l’un des principaux réservoirs animaux d’épidémies ou de maladies infectieuses, transmises par leurs urines ou leurs excréments.