On se gargarise de la beauté de notre patrimoine architectural, de la virtuosité de nos grands couturiers, de la symétrie de nos jardins, de la clarté étincelante de notre langue, de la « gaieté railleuse » de nos élégantes… C’est passer un peu vite sur quelques horreurs nationales.
L’audace débile
Un vice d’enfants gâtés, écrasés par un patrimoine culturel grandiose. Faute d’égaler l’indépassable, on dessine des moustaches à la Joconde. On viole visuellement le doux camaïeu des façades historiques par des couleurs primaires criardes. Comme un gros prout, Beaubourg s’installe dans un quartier datant des Capétiens, les tulipes mastoc de Koons narguent le Grand Palais, les verroteries d’Othoniel la Comédie-Française. Avec le temps, l’œil s’habitue, certes. Mais parer notre incompétence d’« avant-gardisme » ou d’« audace architecturale » et se féliciter des « polémiques » ainsi déclenchées relève d’un indéniable mauvais goût.