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Par Marianne avec AFP
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Paul de Roumanie, prince de Roumanie, a été incarcéré ce 7 avril à l’issue d’une audience de la cour d’appel de Paris. Condamné par la Haute Cour de cassation roumaine à trois ans de prison pour trafic d’influence et complicité en 2020, il était également visé par un mandat d’arrêt européen.
C’est un nouveau rebondissement dans la cavale du prince Paul de Roumanie. Âgé de 76 ans, l’homme a été incarcéré lundi à l’issue d’une audience à la cour d’appel de Paris, dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen émis par la Roumanie, a-t-on appris de source judiciaire, confirmant partiellement une information des médias roumains. Ce 9 avril, la chambre des extraditions de cette même juridiction examinera le mandat d’arrêt européen.
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Pour rappel, Paul de Roumanie est accusé d’avoir œuvré avec une bande d’escrocs, entre 2006 et 2013, pour récupérer des propriétés qu’il revendiquait en tant qu’héritier de la famille royale. Le père du prince, Carol Mircea Grigore, né en 1920, était considéré comme le fils illégitime de Carol II, roi de Roumanie de 1930 à 1940. Il a fini par obtenir la reconnaissance de sa filiation avec ce dernier. Il n’a, toutefois, jamais été reconnu comme membre de la famille royale par son oncle Michel, dernier roi de Roumanie, mort en 2017. En 1947, la famille royale a été chassée de Roumanie par les communistes et ses propriétés confisquées.
Scandale politico-financier
Le contexte familial est le point de départ d’un gigantesque scandale politico-financier touchant les plus hautes strates de l’État roumain. Marianne expliquait cette affaire en janvier 2023 : « Selon les procureurs anticorruption roumains, il avait noué un pacte avec cinq richissimes hommes d’affaires israéliens et des personnalités du monde politique (un préfet, un ancien Premier ministre…) dans le dessein de récupérer des propriétés dont il revendique l’héritage : la forêt de Snagov et l’ancienne ferme royale de Baneasa, des joyaux locaux confisqués à son grand-père Carol II sous la dictature de Ceausescu. »
D’autre part, avec l’aide du milliardaire Beny Steinmetz, ils sont rendus coupables « entre 2006 et 2013, de malversations, de pots-de-vin, d’abus de pouvoir, de trafic d’influence et, surtout, de corruption active, en soudoyant des agents de l’État. L’achat et la vente de ces biens se sont faits au travers de sociétés offshore », selon ce même article. La perte pour l’État roumain a été estimée par les procureurs à 145 millions d’euros.
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Ce descendant du roi Carol II a ainsi été condamné à trois ans et quatre mois de prison pour trafic d’influence et complicité, par la Haute Cour de cassation roumaine, le 17 décembre 2020. Dès le lendemain, un mandat d’arrêt européen le visant a été émis. Dans cette affaire, 18 personnes ont été condamnées, parmi lesquelles les hommes d’affaires israéliens Tal Silberstein et Beny Steinmetz.
La cour d’appel de Paris avait refusé en novembre 2023 de remettre à Bucarest Paul Philip Al Romaniei, dit Paul de Roumanie, « en raison d’un risque réel de violation de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ». Il a, finalement, été arrêté lors d’un séjour à Malte en avril 2024. La justice maltaise avait cependant ordonné sa libération en août de cette même année, actant ainsi son refus de le remettre aux autorités roumaines. D’autre part, dans une décision rendue en juillet 2024, la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) avait attiré l’attention des juridictions maltaises sur la préservation des droits fondamentaux du prince. Cette arrestation marque donc – peut-être – la fin d’une cavale du Prince.
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne