Le ciel devient de plus en plus menaçant au-dessus de Washington. Et les premiers éclairs se font désormais entendre. En mettant en pause la quasi-totalité des droits de douane réciproques, quelques heures seulement après leur mise en application, Donald Trump a été contraint de se fendre d’un rare mea culpa en public. Les pays alliés, qui lui « lèchent le cul » comme il l’indiquait encore mardi soir lors d’un dîner du Parti républicain, apprécieront la séquence.
« Il faut être flexible », a justifié ce mercredi le président américain lors d’un échange avec la presse à la Maison-Blanche, en reconnaissant que sa retentissante annonce d’un matraquage douanier généralisé la semaine dernière « effrayait un peu » les investisseurs, et les avait rendus « fébriles ». « Je surveillais le marché des obligations. C’est un marché très compliqué », a-t-il également admis, dans un moment précieux.
Front financier et front politique
Car au-delà des droits de douane, une cellule orageuse s’est désormais installée au sein des entreprises, peu friandes du régime permanent de l’incertitude, et à Wall Street, peu friande du régime permanent de l’inquiétude. Au gré des annonces de l’administration Trump sur les droits de douane envers le Canada, le Mexique, l’acier, l’aluminium puis le reste du monde, les indices boursiers ont vécu de larges soubresauts, le Nasdaq affichant ainsi un recul de plus de 7 % depuis le début de l’année. De quoi crisper la nation dollar.
Mais voilà, le front orageux n’est pas que financier. Il se fait désormais politique. Ces derniers jours, Elon Musk, l’alter ego économique de Donald Trump, n’a pas cherché à masquer sa vision critique concernant les droits de douane réciproques. Adepte du libre-échange « entre l’Europe et les Etats-Unis », le patron de Tesla Elon Musk a même estimé, au passage, que le conseiller au commerce Peter Navarro était un « crétin » et « bête comme ses pieds ». Sa faute ? Avoir jugé que Tesla « n’est pas un fabricant de voitures » mais seulement un « assembleur ».
Alors que la semaine passée, une juge progressiste a été élue dans le Wisconsin au grand damne de la Maison-Blanche, c’est sur l’aile la plus radicale de ses partisans que Donald Trump se trouve cette fois menacé. Partisans de coupes encore plus profondes dans les dépenses publiques américaines, des élus républicains au Congrès ont menacé mercredi de torpiller une résolution budgétaire pourtant ardemment désirée par le président, qui y voit le moyen de financer certaines de ses mesures-phare au plus tôt.
De la politique interne à la politique internationale, il n’y a qu’un pas. Car dans ce domaine également, la météo n’est guère réjouissante. Outre les bras de fer engagés avec le Canada, le Danemark et Panama (sans compter la taxe de 50 % pour Saint-Pierre-et-Miquelon), se dessine désormais une opposition frontale avec la Chine, seul pays a « bénéficié » d ‘une taxe réciproque à hauteur de 125 %. S’y ajoutent l’enlisement à Gaza et la « fausse paix » en Ukraine, savourée à juste titre à Moscou. Malgré les annonces à répétition de la Maison-Blanche, Vladimir Poutine ne se montre guère pressé de s’engager dans un quelconque processus. Mais là aussi, comme l’admet Donald Trump, « il faut être flexible ».
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