Lourdement suspendu après son coup de sang devant un arbitre lors de Lyon-Brest, le 2 mars, Paulo Fonseca aura une seconde chance de se défendre devant le CNOSF. Ses dirigeants estiment que l’entraîneur portugais n’avait pas eu l’occasion de correctement le faire face à la Commission de discipline de la LFP, lors de son audition en urgence trois jours après les faits qui lui sont reprochés.
Ils avaient la possibilité de faire appel de la décision initiale, mais les dirigeants lyonnais ont changé leur stratégie en utilisant une autre piste: ils se sont dirigés vers le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) avec l’espoir qu’une conciliation puisse voir le jour. L’OL a indiqué ce vendredi que cette audience aura lieu le 6 mai prochain, en présence de Paulo Fonseca. Qui, pour la première fois, pourra s’expliquer sur son coup de sang de la fin du match tendue face à Brest (2-1).
Cette conciliation devant le CNOSF fait suite à son carton rouge reçu le 2 mars dernier dans le temps additionnel. En première instance, les onze membres de la Commission de discipline de la LFP avaient frappé fort et de façon inédite dans le monde professionnel, trois jours plus tard: suspension de toutes fonctions officielles et d’accès au banc de touche, aux vestiaires des joueurs et des officiels, au terrain, au tunnel et à l’ensemble des couloirs menant à ces zones. Et ce, jusqu’au 30 novembre 2025.
Pour permettre au technicien lyonnais de reprendre place peu à peu, la décision était assortie d’une levée de l’interdiction de se rendre dans le vestiaire à partir du 15 septembre. “Il n’est pas dans l’idée de remettre en cause la sanction, mais la sévérité inédite dans sa durée, notamment”, insiste une source proche du dossier.
Une défense en présentiel
Cette première étape passée – la nomination d’un conciliateur – ne préjuge en rien d’une suite forcément positive pour l’entraîneur de l’OL. Il y en a deux autres, dont la seconde “pourrait se transformer en obstacle”, souligne un spécialiste qui gère de nombreux dossiers de ce type dans différents sports. Le 6 mai prochain, ce conciliateur va d’abord recevoir l’entraîneur, la LFP et les conseils des parties pour une audience. Paulo Fonseca pourra s’y exprimer pour la première fois en “présentiel” après l’avoir été en urgence, le 5 mars dernier, alors qu’il était avec son équipe en Roumanie à la veille du 8e aller de Ligue Europa.
Dans l’entourage du technicien portugais, on souligne que ce choix de l’entendre à distance, alors qu’il avait la tête à un match, n’avait pas pu lui permettre de bien se défendre. Quant au club, toujours derrière lui à l’image de son patron John Textor – dans la tête duquel il n’a jamais été question de s’en séparer, il l’a souligné rapidement sur ses réseaux sociaux –, les regrets persistent. “L’audition aurait bien pu être décalée à la semaine suivante sans rencontre programmée en lieu et place d’une visio faite depuis l’étranger. Cela n’aurait pas empêché la sanction de débuter dès le match suivant à Nice”.
Le contexte sera tout autre, dans un peu plus de trois semaines, et deux mois après les faits: Fonseca pourra mieux détailler les explications à ce geste, qu’il regrette toujours, notamment le contexte de la guerre en Ukraine qui touche de près la famille de son épouse, originaire des territoires au cœur du conflit depuis 2022. Quant au conciliateur, à froid, il pourra aussi mieux l’analyser. Un peu éloigné du caractère “chaud” de l’époque, quelques heures après le coup de sang du patron de l’OM, Pablo Longoria, à Auxerre.
Le passage crucial (et scruté) devant le CA de la Ligue
A l’issue, le conciliateur pourra décider que la première décision n’a pas lieu d’être amendée et le dossier sera classé. L’OL n’aura alors plus aucun recours. Il peut aussi dessiner les contours d’une nouvelle sanction qui n’aura que valeur de proposition et qui devra ensuite être validée par… le conseil d’administration de la Ligue. “C’est là que l’étape peut devenir un grand col du Tour de France”, image un connaisseur des méandres du football professionnel.
A cet étage – le CA –, il est de notoriété publique que le club lyonnais n’a pas que des amis. La multitude de réserves posées contre Thiago Almada, le champion du monde argentin prêté par Botafogo, le prouve. Forcément, si une conciliation autour d’un aménagement de la sanction est recalée par les hautes sphères du football français, cela apportera de l’eau au moulin aux tenants de la théorie du complot contre l’OL. En attendant, dimanche à Auxerre, Paulo Fonseca va suivre son cinquième match de Ligue 1 loin de son banc de touche. Débuté le 9 mars, son retrait ne semble pas être un handicap dans la course à la Ligue des champions via le championnat. En terme comptable, il en est à 75% de victoires (à Nice, 0-2, et face au Havre, 4-2 et Lille, 2-1) sur les quatre rencontres disputées. Seul incident de parcours, à Strasbourg (4-2).
Au niveau mental également, la sanction a semble-t-il ressoudé le groupe et fait prendre leurs responsabilités aux cadres. Au total, sur cette saison 2024-25, il vivra dix matches suspendu, car il n’est pensable que le CA de la Ligue se saisisse de ce dossier sensible dans la dernière ligne droite du Championnat (qui se termine le 17 mai). En revanche, c’est le début de saison prochaine qui parait visé par les dirigeants lyonnais avec un “assouplissement” du dispositif, entend-t-on dans les bureaux à Décines. Contacté pour en savoir plus sur les contours de cet assouplissement souhaité, l’OL n’a pas donné suite dans un dossier où, encore plus que tout autre, la prudence reste de mise.