Jean-Marc Barrere / Hans Lucas
Justice
Par Marianne
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Trois hommes, dont l’un travaille dans l’un des consulats d’Algérie en France, ont été mis en examen vendredi 11 avril à Paris, soupçonnés d’être impliqués dans l’enlèvement fin avril 2024 sur le sol français d’un opposant au régime algérien, l’influenceur Amir Boukhors.
Il s’appelle Amir Boukhors, en 2022 et en avril 2024, il a subi « deux agressions graves », selon son avocat Eric Plouvier. Les investigations du Parquet national antiterroriste, lancées en février, ont porté leur fruit.
Vendredi 11 avril au soir, trois hommes ont été mis en examen pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le 7e jour, en relation avec une entreprise terroriste, a confirmé le parquet national antiterroriste (Pnat) à l’AFP. Ils sont également mis en examen pour participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Des profils diplomatiques ?
L’un d’entre eux travaille dans l’un des consulats d’Algérie en France. « La question de l’immunité diplomatique se posera dans la procédure », a souligné auprès de l’AFP une source proche du dossier. Cet homme ne bénéficie pas d’un passeport diplomatique, mais d’un passeport de service.
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Ce changement de juridiction, avec l’ouverture d’une information judiciaire, « montre qu’une puissance étrangère, l’Algérie, n’a pas hésité à mener une action violente sur le sol français par l’intimidation et la terreur de nature à porter atteinte à la vie », a estimé Me Plouvier. « Ce tournant judiciaire de l’enquête avec l’arrestation d’agents liés au régime algérien et leur présentation à un juge révèle aussi que les faits du 29 avril 2024 sont une affaire d’État », a ajouté l’avocat.
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Pour l’heure, les avocats de suspects n’ont pas souhaité s’exprimer. Le nom d’Amir Boukhors est récemment apparu dans une autre information judiciaire, celle-ci ouverte par le parquet de Paris. Dans ce dossier, un employé du ministère français de l’Économie a été mis en examen en décembre, soupçonné d’avoir livré des informations sur des opposants au régime algérien, dont Amir Boukhors.
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Les informations étaient réclamées et transmises à « une personne de nationalité algérienne travaillant au consulat d’Algérie de Créteil », selon le parquet de Paris. D’après une source proche de cette enquête, certaines personnes sur lesquelles les informations ont été transmises ont ensuite été « victimes de violences, menaces de mort ou tentative d’enlèvement ». Pour l’Algérie, la traque des dissidents s’est largement exportée, notamment en France : intimidation, espionnage, et même, enlèvements… Plusieurs opposants au régime d’Abdelmadjid Tebboune lui imputent des actions particulièrement inquiétantes sur le sol français et européen.
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne