C’était il y a tout juste cinquante ans : le 13 avril 1975, l’attaque à Beyrouth d’un bus de fédayins palestiniens par des milices chrétiennes allait propulser le pays du Cèdre dans une effroyable guerre civile. Elle ne s’achèvera que quinze ans plus tard, sans vainqueurs ni vaincus. Depuis, sur ses cicatrices non suturées viennent se greffer les problématiques locales et régionales, qui continuent de menacer le fragile équilibre libanais.
« Au début, la situation était plutôt claire, les lignes de front bien définies. Mais il faut bien nous rendre à l’évidence : sur les dernières phases de la guerre civile, tout le monde tirait sur tout le monde, nous étions tous devenus fous. » Bassam, un Libanais de confession chiite de 65 ans, semble se souvenir de chaque détail de ce tragique épisode qui débutait il y a tout juste 50 ans, dans la capitale libanaise. Jusqu’aux plus sordides, où il jouait, comme tant d’autres, de l’arme à feu dans les rues de Beyrouth.
« Si mes souvenirs sont clairs, la situation, elle, ne l’était pas, poursuit-il. C’était une guerre aussi absurde que cruelle, et si nous n’en parlons que très rarement, c’est bien parce que personne n’est d’accord sur rien. » Hormis peut-être sur la date qui a fait basculer le Liban, et qui semble faire consensus. C’était le 13 avril 1975 : des milices chrétiennes maronites appartenant aux Kataëb attaquaient un bus de combattants palestiniens. Dix-huit d’entre eux perdront la vie.