Une France des rails à deux vitesses ? C’est que dénoncent des usagers et des élus locaux des lignes Intercités Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) et Paris-Clermont-Ferrand. Ils seront des centaines à converger mardi vers la capitale à bord de deux « trains de la colère » pour exiger des investissements. Ces deux lignes transportent respectivement chaque année 2,6 et 1,9 millions de voyageurs dans des trains Intercités.
« Depuis le premier TGV en 1981, le réseau classique a été sous-entretenu. Sur la ligne POLT, il faut tout reprendre : rails, traverses, ballast, caténaires, fils de contact… et remettre les locomotives en état de marche », résume Jean-Noël Boisseleau, vice-président d’Urgence Ligne POLT.
Son association, comme d’autres organisateurs de la manifestation de mardi, dénonce une accumulation de retards, de suppressions de trains et de pannes en série. « Nous sommes traités comme des citoyens de seconde zone, avec des trajets de plus en plus lents et de moins en moins fiables », s’indigne Serge Rigal, président du département du Lot, traversé par la ligne POLT. Même constat côté Paris-Clermont, où le ministre délégué aux Transports Philippe Tabarot a reconnu une « qualité de service qui n’est pas à la hauteur ». En réponse, il a annoncé un « geste tarifaire » : 10.000 billets à 19 euros en juin, -10 % sur les abonnements et un remboursement à 200 % pour tout retard supérieur à trois heures.
L’exaspération des usagers repose sur des chiffres concrets : en 2024, près d’un train sur cinq affichait un retard supérieur à cinq minutes entre Paris et Clermont. En janvier, une panne de locomotive avait provoqué un retard de près de douze heures.
Des chantiers qui suscitent des débats
La SNCF souligne qu’un vaste plan de modernisation est en cours sur les lignes POLT et Paris-Clermont, jugées « stratégiques mais vieillissantes ». D’ici 2027, près de trois milliards d’euros doivent être investis. Une somme « bienvenue mais insuffisante », estime Jean-Noël Boisseleau, qui chiffre les besoins à « 2,5 à 3 milliards d’euros supplémentaires pour repartir presque à neuf ». En toile de fond, les critiques visent aussi la réforme de 2018 qui a scindé la SNCF en plusieurs entités. « On a multiplié la bureaucratie au détriment du terrain. Il manque des conducteurs, des contrôleurs, du personnel dans les gares », déplore le vice-président d’Urgence Ligne Polt.
Les modalités mêmes des chantiers à venir suscitent débat. Une opération de renouvellement sur 70 kilomètres dans le Loiret entraînera jusqu’à huit heures d’interruption quotidienne du trafic pendant plusieurs mois. La SNCF défend un recours au « train-usine » pour aller plus vite. L’assication d’usagers regrette que l’on bloque les deux voies à la fois pour des raisons d’économies.
(Avec AFP)
À lire également
latribune.fr