Entre effets du changement climatique, baisse de la consommation et taxes douanières chinoises et américaines à géométrie variable, le monde vitivinicole n’est pas à la fête. Le rapport parlementaire des députés Sylvain Carrière (LFI-Nupes, Hérault) et Sandra Marsaud (EPR, Charente) ne prétend pas régler tous les problèmes mais suggère quelques pistes.
Au niveau de la gouvernance, il propose notamment de recréer une seule et unique interprofession nationale à même de piloter les 23 entités régionales. « Il faut jouer collectif pour accéder encore davantage aux marchés étrangers, assène Sandra Marsaud, corapporteuse du texte, sachant que la moitié de notre production part à l’export. En Espagne et en Italie, la promotion des vins locaux fait officiellement partie de la mission des diplomates dans les ambassades, en même temps que la gastronomie, il faut s’en inspirer ! »
La députée macroniste suggère également d’étendre les traités bilatéraux de négociation commerciale, sans aucun droit de douane. « Il n’en existe aujourd’hui qu’avec onze pays, regrette l’élue. Ces accords sectoriels remontent aux années 90, avant la création de l’OMC [Organisation mondiale du commerce]. C’était le cas notamment avec les États-Unis. » L’élue propose également la création d’un plan de filière, prenant l’exemple de la Champagne. « Eux sont allés au bout de l’anticipation et du travail collectif, observe Mme Marsaud. Ils connaissent parfaitement leur production, à qui et comment ils la vendent. Résultat : ils n’ont pas eu besoin d’arracher à cause de la surproduction ! »
Carte postale de la France
Avec 47 millions d’hectolitres en 2023, la France est le deuxième producteur mondial de vin derrière l’Italie en volume et le premier exportateur en valeur. Le rapport propose aussi pêle-mêle de revenir à la consigne pour limiter le coût du verre ou d’adopter de nouveaux packagings comme la canette pour s’adapter aux changements de modes de consommation.
Il prône aussi la mise en avant des vins d’entrée ou de moyenne gamme et d’exploiter toutes les possibilités offertes par le législateur. « On ne le sait pas toujours, mais la loi Évin permet de faire la promotion du vin ou du savoir-faire des viticulteurs dans la presse, à la radio ou sur Internet, rappelle Sylvain Carrière, député LFI-Nupes de l’Hérault et corapporteur de la mission. Les gens ne le font souvent pas par méconnaissance ou par peur des représailles. »
L’élu suggère également le développement accru de l’œnotourisme. « On n’est plus aujourd’hui sur du vin quotidien et alimentaire mais sur le plaisir, assure-t-il. Les gens ont besoin qu’on leur raconte l’histoire du château et des chais qu’ils visitent. En repartant avec une bouteille, c’est une carte postale de la France qu’ils emportent dans leur pays. » Reste à savoir ce qu’il adviendra de ces propositions. Les deux parlementaires souhaitent que leur rapport serve au moins à lancer le débat et que les initiatives viennent des viticulteurs eux-mêmes. « S’ils ont ensuite besoin d’évolutions législatives, nous répondront présent, mais ils connaissent leurs terroirs et c’est à eux de prendre des décisions », conclue Sandra Marsaud.