Ancien paysan, Pierre a exercé pendant 30 ans le métier de croque-mort. Un domaine qu’il a appris à apprécier. Avec une approche humaine, il a accompagné des familles en deuil tout en restant respectueux des défunts. Relations avec les familles, prix d’un enterrement, rapport entre la mort et la religion… Pour « Marianne », il raconte son premier et son dernier jour de boulot.
À l’origine, j’étais paysan, agriculteur. Mais au début des années 80, j’avais 28 ans, et avec mes frères et ma mère, on a vite compris qu’en continuant comme ça, on arriverait à la retraite sans avoir remboursé autre chose que les intérêts de nos crédits. Vu la conjoncture, on a donc pris la décision de vendre notre exploitation. Mais on habitait une région de terres dures, pas faciles à vendre. Au bout d’un an sans trouver d’acheteur, on a fini par se rendre à l’évidence : il fallait tout arrêter et solder l’exploitation. On a donc plié boutique, et il a fallu repartir de zéro.
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À l’époque, je n’avais droit à aucune aide, vu ma situation. Il a donc fallu que je réfléchisse sérieusement à ce que j’allais faire pour faire vivre ma famille. Je me suis posé la question : gardien de prison ou CRS ? Avec mon gabarit – 1m90 pour 110 kilos – j’avais le physique pour ces métiers-là. Mais comme mon épouse venait d’une famille d’ambulanciers, je me suis tourné vers cette voie-là. J’ai donc entamé les démarches pour me former et obtenir le diplôme d’ambulancier. En attendant, pour faire bouillir la marmite, je bossais aussi comme videur en boîte de nuit. Autant dire que je faisais des journées de 20 heures sur 24.