Henrique Campos / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Froid dans le dos
Par Marianne avec AFP
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La police sicilienne a annoncé l’arrestation d’un ex-fossoyeur accusé d’avoir exhumé des corps dans le but de revendre les sépultures. Les corps, eux, sont introuvables.
C’est une affaire commerciale lugubre. La police sicilienne a annoncé, ce 14 avril, avoir arrêté un ex-fossoyeur pour avoir participé à la vente de lieux de sépulture après avoir retiré les corps qui s’y trouvaient.
Outre cette arrestation, une enquête a également été ouverte contre 18 autres personnes impliquées dans cette affaire de corruption et pots-de-vin à Trapani, alors que le cimetière de cette ville de la côte ouest de la Sicile a ces dernières années fait l’objet de plaintes pour dysfonctionnement de la part des habitants. Trois entreprises de pompes funèbres de Trapani ont également été interdites d’exercer.
Exhumations extraordinaires
Selon la police, l’ancien employé a fait en sorte de mettre les bâtons dans les routes de l’entreprise extérieure officiellement chargée de gérer les services funèbres, favorisant au contraire ces trois entreprises en échange d’une commission. Il s’est aussi lancé dans des « procédures d’exhumation extraordinaires » afin de pouvoir revendre les lieux de sépulture. « De cette façon, il pouvait proposer des enterrements rapides, en échange de sommes d’argent présentées comme un café pour le directeur de cérémonie », a expliqué la police.
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Il est également accusé d’avoir fait appel à son propre maçon pour des travaux sur des chapelles funéraires privées, en offrant à ses clients une réduction grâce au non-paiement de la taxe municipale. Il alertait, en outre, des fleuristes locaux de la présence de nouvelles compositions déposées sur les tombes de manière qu’ils puissent les récupérer et les revendre. Enfin, la police soupçonne également l’ancien employé d’avoir dérobé des objets de valeur sur les corps à inhumer, tels que des bijoux en or.
Corps disparus
Contactée par l’AFP, la police a déclaré ne pas être en mesure de donner des informations sur le sort des corps exhumés. Mais selon un article de la presse locale datant de février 2024, dans au moins un cas, une famille ayant eu la surprise de découvrir leur tombe avec un nouveau nom avait finalement retrouvé le corps de leur parent dans un sac à l’autre bout du cimetière.
Les cimetières et entreprises de pompes funèbres sont souvent contrôlés par la mafia dans les régions d’Italie où ces organisations criminelles sont bien implantées, ou alors par des fonctionnaires locaux corrompus.
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Il y a deux semaines, l’ancien gardien du cimetière de Tropea, en Calabre (sud), a été condamné à cinq ans de prison, et son fils à trois ans et six mois, pour avoir exploité ce que la presse a qualifié de « cimetière des horreurs ». Dans cette funeste affaire, les deux hommes avaient retiré des corps encore en décomposition pour laisser la place à de nouvelles inhumations, et la police les avait filmés en train de les démembrer à l’aide de scies et de couteaux, avant de les jeter ou de les brûler. Une pratique, donc, plus courante qu’il n’y paraît.
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne