Plus que jamais en course pour une qualification en Ligue des champions via la Ligue 1, et plein d’espoir avant son quart de finale retour de Ligue Europa contre Manchester United, l’OL aborde le sprint final dans une belle forme. Qui s’explique par plusieurs facteurs.
Lancé dans un sprint final haletant, l’OL semble accélérer, comme en témoigne dimanche son succès à Auxerre (1-3), au bout d’une rencontre qui compte au moins autant comptablement parlant que mentalement pour le podium en Ligue 1. Dans la foulée d’une égalisation à la dernière seconde face à Manchester United (2-2), d’un jeudi à un dimanche, les Lyonnais affichent une impression de collectif sans faille et souriant.
L’image d’un Alexandre Lacazette qui, pour mieux canaliser la fougue ambiante, rassemble ses coéquipiers sur les accolades qui accompagnent la deuxième réalisation lyonnaise à l’Abbé-Deschamps a marqué les esprits, tout comme les sourires, la joie de vivre ensemble et de se faire plaisir sur le terrain. La pression d’atteindre l’objectif présidentiel, un peu fou quand on repense aux dix points de retard sur la deuxième place le 2 février, semble paradoxalement “libérer” les Gones.
Un groupe réduit, une aide capitale pour l’opération Ligue des champions?
D’une forme de pression, les Gones ont basculé dans une passion commune de gagner ce défi: “C’est excitant, comme défi”, constate-t-on de l’intérieur. “Forcément, cela donne envie à tout le monde…”
Pour cela, Paulo Fonseca réussit à surfer sur une volonté de son prédécesseur Pierre Sage qui, avec sa direction sportive, souhaitait réduire le groupe à 20 joueurs de champ plus les gardiens de but. Avec le mercato de janvier, neuf joueurs dont une petite moitié était dans la rotation (Orban, Caqueret, Benramha, Zaha plus Anthony Lopes), ont quitté officiellement les effectifs de l’OL. “La volonté de réduire l’effectif lors du mercato de janvier permet de mieux concerner tout le monde”, commente un proche du groupe. Le technicien portugais peut ainsi actionner les leviers réclamés par celui qu’il a remplacé le 27 janvier dernier, après la 19e journée.
“Lyon, ce ne sont pas seulement les joueurs régulièrement alignés, dans une forme de ’11 premium’, mais un groupe”, analyse de l’extérieur un supporter. Avec des remplaçants qui font la différence et qui apportent: “Comme l’an passé en fin de saison, excitante elle-aussi avec la Coupe de France en ligne de mire et une improbable place en Europe, une fois le maintien assuré à cinq journées de la fin”, se rappelle un membre du staff. En 2025, la Ligue Europa remplace la Coupe de France de 2024, et la Ligue des champions est désormais l’objectif, là où ce n’était un an plus tôt que la Ligue Conférence, voire la Ligue Europa, sur un malentendu… Cette dernière est finalement arrivée à la dernière minute du temps additionnel du dernier match sur un pénalty d’Alexandre Lacazette.
Les cinq changements d’un quart de finale face à Manchester au déplacement à Auxerre (Caleta Car, Kumbedi, Abner, Matic, Lacazette à la place de Mata, Maitland-Niles, Tagliafico, Akouokou ou Veretout) n’ont pas écorné ce ressenti de collectif.
La suspension comme outil (involontaire) de cohésion?
Avec à la baguette un entraîneur malmené par les instances à la suite de son coup de sang du 2 mars à la fin du match face à Brest mais qui sait concerner tout le monde. Même un Paul Akouokou, dont la dernière titularisation remontait à décembre 2023 et qui a retrouvé une place 18 mois plus tard face aux Anglais, jeudi. Il a fallu expliquer cela à Nemanja Matic, ex-Mancunien, présent en conférence de presse la veille du match, mais laissé sur le banc.
Samedi, à 24 heures du déplacement en Bourgogne, Paulo Fonseca s’est expliqué: “J’ai discuté avec Nemanja, je lui ai expliqué le choix que j’ai fait contre Manchester. Il a compris la situation. C’est un match qu’il voulait absolument jouer, puisqu’il a évolué là-bas, mais j’ai dû penser avant tout à l’intérêt collectif.”
La suspension du coach a aussi permis d’installer une nouvelle forme de routine, avec une causerie à l’hôtel et l’accolade désormais traditionnelle au pied du bus, juste avant que les joueurs ne gagnent les vestiaires, lieu interdit par la sanction prononcée par la commission de discipline de la Ligue de football professionnel le 5 mars dernier, trois jours après l’incident avec Benoit Millot.
Et les cadres ont aussi pris leurs responsabilités dans une forme de résilience collective, sans que les résultats ne s’en ressentent pour le moment: en cinq rencontres sans le boss sur le banc, les Lyonnais en ont gagné quatre (à Nice, 0-2, face au Havre, 4-2, face à Lille, 2-1 et à Auxerre, 1-3) contre un échec à Strasbourg (4-2) malgré une première période maitrisée. “Les adjoints aussi prennent leur part”, détaille un proche du groupe professionnel.
Rayan Cherki, enfin (très) bien utilisé?
Les statistiques le disent: avec 6 buts et 10 passes décisives en 13 matchs sous le mandat de Paulo Fonseca, Rayan Cherki affole les compteurs là où ils n’étaient pas autant en surchauffe avant: 5 buts et 8 passes décisives sur les 15 autres matchs de la saison. Et sa complicité avec Thiago Almada crève les yeux, tout comme sa joie de vivre et de partager, avec le public, son plaisir de jouer. “Il n’y a que lui pour aller taper dans la main d’un spectateur avant de tirer un corner, preuve d’une joie nouvelle”, repère un supporter, très attentif aux habitudes de son protégé!
Et comme celui que Rudi Garcia avait lancé un jour de première au Groupama en octobre 2019 pour se mettre le public lyonnais dans sa poche, est déjà passé entre les mains de plusieurs techniciens (Garcia, Bosz, Blanc, Sage mais aussi Thierry Henry chez les Bleuets) sans forcément un rendu à la hauteur de son talent, la continuité de l’excellence du Gone interpelle. Tout comme son tacle dans le temps additionnel du match face à Lille pour préserver le score ou son rush à la dernière seconde face à Manchester pour l’égalisation de l’espoir jeudi dernier.
Avec un Rayan Cherki, décisif dans la foulée d’un Corentin Tolisso, rayonnant compensant un Alexandre Lacazette toujours précieux dans le groupe avec des statistiques plus qu’honorables mais qui laissent les penalties désormais à Georges Mikautdaze, les purs Lyonnais sont encore à la baguette d’une fin de saison en boulet de canon. Une habitude maison des années de titre à la “remontada” de 2024 qu’ils entendent prolonger dans une forme d’écriture de “leur propre histoire”, comme le montre régulièrement le néo-buteur avec le 69 dans le dos sur ses réseaux sociaux.
Mais tout est fragile dans cette fin de saison sur un fil: d’un déplacement à Manchester avec une cinquième demi-finale au bout du match à un 126e derby dimanche à Geoffroy-Guichard face à l’ASSE relégable, l’OL peut tout gagner ou tout perdre. De quoi convoquer l’humilité générale, car Lyon est bien placé pour savoir que l’équilibre reste instable.