Elle est peut-être moins attendue du grand public que l’identité du président du COJOP – on se souvient de l’attention autour de l’identité de celle ou celui qui serait le Tony Estanguet des Alpes – finalement dévolue à Edgar Grospiron, mais pour le monde économique et sportif, la société de livraison des ouvrages olympiques est majeure. Car c’est elle qui a la charge de la livraison des infrastructures et des aménagements qui vont avec.
Autrement dit, c’est elle qui va accompagner la création des équipements nécessaires dans le respect des délais et des budgets.
Si depuis le début de la candidature française, les organisateurs et les présidents de Région concernés, Renaud Muselier d’un côté dans le Sud et Fabrice Pannekoucke de l’autre en Auvergne-Rhône-Alpes répètent que ce qui a servi, notamment, pour les JO d’Albertville en 1992 sera réutilisé pour 2030, il n’en reste pas moins que les Jeux Olympiques sont aussi un formidable levier pour apporter à certains territoires des équipements nécessaires, qui manquent et qui, de fait, freinent l’attractivité.
Aller vite et bien
Dans une moindre mesure, la patinoire, prévue pour les épreuves de glace à Nice, en fait partie. La structure toute neuve va en effet prendre place à côté du stade Allianz Riviera. En phase post-olympique, lorsque le nombre de places sera réduit de 10 000 spectateurs (jauge nécessaire à la compétition) à 5 000 spectateurs, l’espace ainsi restitué à l’usage sera alors dévolu à l’installation d’activités complémentaires tels le bowling et le paddel. D’autant que dans le même périmètre, la piscine olympique Camille Muffat va être renforcée avec la création d’un nouveau bassin de 50 mètres, projet porté par la Métropole Nice Côte d’Azur et qui sera livré en 2027.
Le tout a de quoi créer un complexe sportif de plus grande ampleur qui sert forcément la cinquième ville de France. Reste néanmoins un calendrier serré. Qui vaut également pour les autres travaux de mises à niveau d’infrastructures existantes. Ce qui fait dire à Edgar Grospiron que « le défi est passionnant et le temps est compté. Nous sommes dans un paradoxe : aller vite mais prendre le temps de poser les fondations solides ».
Aménagement de long terme
Mais c’est surtout dans les territoires souvent confrontés à des difficultés à la fois d’attractivité et de mobilité que les JO 2030 vont jouer un rôle essentiel. À Briançon, plutôt que de construire un village olympique de toutes pièces pour héberger les athlètes engagés dans les épreuves de snowboard et de ski acrobatique qui se tiendront dans les stations de Montgenèvre et Serre-Chevalier, c’est dans le Fort des Trois-Têtes, datant des années 1700 et dessiné par Vauban, que celui-ci va prendre place. L’occasion de rénover ce monument historique certes mais d’accompagner en même temps la constitution du tout nouveau quartier que la Ville souhaite créer dans cet espace qui surplombe la vieille ville et la ville nouvelle. Un ascenseur valléen pourrait être construit pour favoriser la mobilité, l’étude de faisabilité étant en cours. A la manœuvre, la Solideo Alpes 2030 endosse le rôle d’aménageur, calendrier oblige.
Plus de 3 milliards d’euros de retombées
Une société des livraisons des ouvrages olympiques qui a donc peu de répit pour mettre en musiques les infrastructures nécessaires. Où l’on reparle budget, montré du doigt avant même la finalisation de la candidature française, notamment par l’Inspection générale des finances évoquant un possible déficit. Renaud Muselier, le président de la Région Sud, a rappelé l’enveloppe dotée de 2 milliards d’euros, mais a aussi insisté sur les retombées économiques estimées, selon une étude extérieure, à 3,6 milliards d’euros hors retombées touristiques, les recettes fiscales et sociales pouvant atteindre 1,6 milliard selon la même étude. « Les territoires ont besoin de ces infrastructures pour l’avenir », estime Renaud Muselier, pour se « sublimer », dit Fabrice Pannekoucke. C’est aussi pour les entreprises des territoires la perspective de chantiers à venir et d’activité économique fortifiée, plutôt de bon augure en temps de tensions géopolitiques et de guerre commerciale.