Si le côté poignant de l’intervention de Michel Houellebecq dans le « Club des idées » du Figaro, au sujet de l’euthanasie, a été relevé, il est essentiel de mettre en lumière les présupposés idéologiques qui sous-tendent sa position à l’égard de l’euthanasie. Non, toute l’histoire de la pensée n’a pas été opposée à l’aide à mourir ou au suicide, mais elle peut, en revanche, nous aider à aborder d’une façon plus rationnelle la mort, quand la tendance est au refoulement, aux émotions et au prisme idéologique.
La question de la mort reste peu évoquée dans les médias français, alors que la rubrique Death and Dying du New York times lui consacre des chroniques régulières d’un point de vue philosophique, psychologique ou plus sociétal. Néanmoins, celle-ci resurgit dans l’actualité à travers les débats sur la légalisation de l’aide à mourir (de retour à l’Assemblée à partir du 12 mai prochain) qui va agiter les tenants de la dépénalisation de l’euthanasie et du suicide assisté et leurs opposants, plaidant, eux, pour le recours à des pratiques d’accompagnement, notamment grâce aux soins palliatifs. La dernière sortie de l’écrivain Michel Houellebecq dans le Figaro, qui exprime son opposition à l’euthanasie, s’apparente à une réappropriation idéologique et émotionnelle de la question, reposant sur des arguments pour le moins discutables.
Une récupération idéologique
C’est sur le registre émotionnel et idéologique que nous embarquent Michel Houellebecq et le Figaro lors du visionnage du documentaire « Ensemble », coécrit par Katherina Marx et Laurence de Charette, qui raconte le quotidien des résidents et des soignants dans une unité de soins palliatifs.