Le PSG a demandé et obtenu le report de sa rencontre de Ligue 1 contre Nantes, entre ses deux matchs de quart de finale de Ligue des champions contre Aston Villa. Mais au regard de la manche retour, mardi soir à Birmingham, n’a-t-il pas fait un mauvais calcul?
Sur le papier, on comprend le raisonnement. Offrir aux joueurs un temps de repos plus long, bénéficier d’une ou deux séances d’entraînement supplémentaires pour peaufiner un plan de jeu, et minimiser le risque de blessures. Privé – à sa demande – de match en Ligue 1 le week-end dernier, le PSG a eu quasiment six jours, après sa victoire aller (3-1), pour préparer son quart de finale retour de Ligue des champions sur le terrain d’Aston Villa mardi soir, pendant que les Villans ont dû ferrailler samedi sur la pelouse de Southampton en Premier League (victoire 3-0). On a vu le résultat: non seulement Paris n’a pas du tout maîtrisé la manche retour à Villa Park, concédant la défaite (3-2) et se faisant une belle frayeur, mais en plus les joueurs du club français n’ont pas particulièrement semblé plus “frais” ou plus en jambes que leurs adversaires.
La seconde période a ainsi été à l’avantage des Anglais, qui ont par ailleurs nettement plus couru que les hommes de Luis Enrique (119,6km contre 114,4km) sur l’ensemble de la rencontre. Ce qui nous amène à une question: le Paris Saint-Germain s’est-il trompé en réclamant le report de son match de Ligue 1 contre le FC Nantes?
Dembélé s’est “ennuyé”
Effectuée il y a plus d’un mois, sitôt la qualification décrochée face à Liverpool, cette demande n’avait pas été du goût de l’entraîneur des Canaris (pourtant grand amoureux du PSG) Antoine Kombouaré. “On savait que même en refusant, le conseil d’administration (de la Ligue) allait donner une décision favorable au PSG”, déplorait-il le 18 mars sur le plateau du Mag Ligue 1. “On ne peut pas lutter contre le PSG, mais je me souviens de l’époque du grand Lyon avec Aulas, c’était pareil, comme avec l’OM…” Le technicien kanak ne s’était pas trompé, puisque la LFP avait rapidement accédé à la demande du club de Nasser Al-Khelaïfi.
Après une journée de jeudi sous le signe de la récupération, les joueurs du PSG ont donc eu en fin de semaine un vendredi off qui a permis à plusieurs d’entre eux de profiter d’une pool party dans les Yvelines, avant de retrouver le chemin de l’entraînement samedi au Campus PSG, pour deux journées de travail. Mais lundi soir, après avoir posé les pieds à Birmingham avec ses partenaires,
Peu d’exemples de réussite
Ce qui transparait, c’est surtout que le PSG n’avait pas foncièrement “besoin” de ce report de match. Le titre en Ligue 1 étant acquis depuis des lustres, et même mathématiquement validé, Luis Enrique – qui met toujours en avant la force de son collectif – aurait eu la possibilité de tranquillement faire tourner à la Beaujoire. Il aurait aussi pu choisir de demander de l’intensité à ses hommes. Ce que font régulièrement les autres cadors d’Europe dans cette situation.
Vainqueur de la C1 en 2023, Manchester City avait dû affronter Leicester entre ses deux rencontres contre le Bayern en quart de finale, puis Everton entre ses deux matchs contre le Real en demie. L’an passé, le Real Madrid avait lui joué contre Majorque entre deux quarts de finale très accrochés contre City, et contre Cadix entre ses deux manches contre le Bayern en demi-finale, alors même que le titre en Liga n’était pas encore validé.
Comme contre le Barça en quart (avec réussite), le PSG avait lui déjà fait un autre choix: il avait demandé et obtenu le report de son déplacement à Nice entre ses deux manches de demi-finale contre Dortmund… pour le dénouement que l’on connait: défaite 1-0 à l’aller en Allemagne, défaite 1-0 au retour au Parc des Princes (contre un BVB qui avait pourtant joué trois jours plus tôt). En Ligue Europa, l’OM avait bénéficié d’un traitement similaire (report d’un match contre Reims) pour sa demi-finale contre l’Atalanta. Là encore, ça n’avait pas fonctionné: après un nul encourageant à l’aller (1-1), les Olympiens s’étaient effondrés au retour à Bergame (défaite 3-0). Contre un club italien qui, vous l’aurez deviné, avait bien joué en Serie A entre les deux manches. Autrement dit: mis à part la victoire parisienne à Barcelone en avril 2024, les derniers exemples en date ne prouvent pas que l’expérience est concluante.
Quel sort pour Strasbourg-PSG ?
L’autre problème, c’est que le PSG va désormais avoir quatre rencontres à jouer en onze ou douze jours: la réception du Havre ce samedi 19 avril en Ligue 1 (17h), le match reporté à Nantes mardi 22 avril (20h45), la réception de Nice vendredi 25 avril (20h45), et donc la demi-finale aller de Ligue des champions sur le terrain d’Arsenal ou du Real Madrid le mardi 29 avril ou le mercredi 30 avril. Passant d’un calendrier allégé à un calendrier particulièrement chargé, sans trop de cohérence.
Reste désormais à voir quel va être le sort du match Strasbourg-PSG, qui doit théoriquement se jouer le vendredi 2 ou le samedi 3 mai, entre deux soirées européennes. Les dirigeants parisiens vont-ils rester sur la même ligne, et demander un nouveau report? Ou vont-ils tirer des conséquences des 35 minutes d’angoisse à Villa Park?