Donald Trump poursuit sa croisade contre les universités américaines. C’est Harvard qui en paye le prix fort cette semaine. Lundi, l’administration du président a annoncé le gel de 2,2 milliards de dollars de subvention de l’une des plus prestigieuses universités au monde. La raison ? L’institution américaine ne s’est pas soumise aux exigences du locataire de la Maison-Blanche. Mercredi, il a même menacé d’interdire à l’école d’accueillir des étudiants étrangers.
« Si Harvard ne peut pas prouver qu’elle est en pleine conformité avec ses obligations de déclaration, l’université perdra le privilège d’inscrire des étudiants étrangers », a écrit l’administration Trump.
Comme de nombreuses autres universités, des mobilisations étudiantes soutenant la Palestine dans le conflit qui oppose Israël et Gaza ont eu lieu à Harvard. Des manifestations qui n’ont pas été au goût de la nouvelle administration. « Le harcèlement des étudiants juifs est intolérable », a dénoncé dans un communiqué le ministère américain de l’Éducation.
L’administration a demandé, dans un courrier envoyé vendredi, que l’université signale aux autorités les étudiants étrangers ayant commis des écarts de conduite. Mais aussi qu’elle réalise un audit sur ses étudiants et professeurs et qu’elle fasse appel à une personne tierce pour s’assurer du respect de la « diversité de points de vue ». Ce à quoi l’université a répondu, dans une lettre signée par ses avocats, qu’elle « n’était pas prête à accepter des exigences qui vont au-delà de l’autorité légitime de cette administration ou d’aucune autre ».
Harvard n’a pas été la seule université privée visée. Northwestern et Cornell ont aussi perdu plus de 500 millions de dollars de subvention. Columbia à New York s’est vu retirer 400 millions de dollars. L’université a, depuis lors, engagé des réformes pour récupérer cette somme.
Frais de scolarité et dons
Dans le cas de Harvard, les fonds publics représentent 11 % de ses revenus, sur un budget annuel de 6,4 milliards de dollars, selon les données publiées par l’université de l’Ivy League, le groupe des huit universités privées du nord-est des États-Unis. À titre de comparaison, le budget de tout le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en France s’élève à 26,7 milliards d’euros pour 2025.
Mais ces coupes dans les subventions, même si elles ne sont pas forcément majoritaires dans le budget total des universités, ne sont pas sans conséquences. Elles pourraient notamment impacter la recherche. Ces sommes viennent, en effet, souvent financer du matériel de recherche, des espaces ou encore le personnel.
Néanmoins, elles ne sont pas la seule source de financement des universités privées américaines. Outre les fonds publics et fédéraux, elles reçoivent principalement de l’argent des étudiants, via notamment leurs frais de scolarité, d’inscription ou de logements mais aussi de dons privés provenant de fondations, de particuliers ou d’entreprises. Dans le cas de Harvard, les étrangers représentent 27 % des étudiants cette année, note la BBC. Ce qui représenterait une part importante de financement en moins. Une partie des recettes de l’école provient aussi des subventions de recherche accordées aux professeurs.
Mais l’utilisation de toutes ces recettes est encadrée. Il est ainsi difficile pour les universités de combler rapidement le manque causé par le gel de subventions.
En outre, les universités disposent également de fonds de dotation. À Harvard, il atteignait plus de 53 milliards de dollars en 2024, bien loin devant de nombreuses universités. Ce fonds est financé par des dons qui sont ensuite capitalisés. Plus précisément, il est composé de plus de 14 000 fonds individuels dont l’utilisation est soumise à des conditions et restrictions en fonction des donateurs. Par exemple, 70 % des fonds à Harvard sont alloués à des programmes et à départements spécifiques. Lors de son dernier exercice, l’université a donc consacré seulement 5 % de sa dotation pour son fonctionnement, note le Wall Street Journal.
Néanmoins, si l’école ne peut pas utiliser sa dotation comme bon lui semble, elle peut toujours emprunter dessus. Harvard a émis 750 millions de dollars de dette au début du mois, de quoi potentiellement couvrir le montant gelé par l’administration.
Mais Donald Trump ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le président menace également l’université prestigieuse de lui retirer un de ses avantages fiscaux. « Peut-être que Harvard devrait perdre son exemption fiscale et être imposée comme une entité politique, si elle continue de défendre sa ‘folie’ politique, idéologique, inspirée par/soutenant le terrorisme », a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.
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