Une usine qui passe sous pavillon chinois, 54 postes conservés sur 450… Le cas de Vencorex, à Pont-de-Claix (Isère) illustre à merveille, si l’on ose dire vu les dégâts humains, l’incapacité française à ériger des défenses efficaces face à la prédation économique chinoise.
Le couperet est tombé pour Vencorex. Ce jeudi 10 avril, la reprise partielle de l’usine chimique du Pont-de-Claix, dans l’Isère, a été attribuée à son principal concurrent… le groupe chinois Wanhua. Sur les 450 emplois que comptait l’usine chimique, seuls 54 sont conservés. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a assuré que le cas Vencorex, soustraitant pour la dissuasion nucléaire française, ne posait « aucun problème de souveraineté », l’actionnaire chinois se bornant à reprendre la branche qui fabrique des produits entrant dans la composition des peintures industrielles. Ces activités « ne sont pas stratégiques », martèle le ministre. Circulez, fermez le ban ! Affaire classée ?
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« Il arrive un moment où il devient difficile de distinguer ce qui est stratégique de ce qui ne l’est pas, tempère Gabriel Colletis, professeur d’économie à l’université de Toulouse Capitole. Bien sûr, tout ne relève pas de la défense nationale, mais certaines entreprises sont un nœud d’activité pour leur région. L’emprise économique est stratégique du point de vue de la stabilité et du développement du territoire. » En témoigne l’effet domino anticipé par un autre industriel de la chimie, le groupe Arkema, qui prévoit de supprimer 154 emplois sur son site de Jarrie, toujours dans l’Isère, consécutivement au dépeçage de Vencorex. Sans surévaluer l’importance de ce drame social, force est de constater qu’il illustre à merveille l’incapacité française à ériger des défenses efficaces face à la prédation économique chinoise.