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Trêve pascale
Par Marianne avec AFP
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Le président Vladimir Poutine a ordonné aux troupes russes d’observer un cessez-le-feu en Ukraine à l’occasion de Pâques, ce samedi 19 et dimanche 20 avril, et a appelé Kiev à faire de même, au moment où les discussions en vue d’une trêve plus globale semblent dans l’impasse.
Ce samedi 19 avril, Vladimir Poutine a ordonné aux troupes russes un cessez-le-feu en Ukraine à l’occasion des célébrations de Pâques de ce samedi et dimanche. Le président russe a appelé Kiev à faire de même, au moment où les discussions en vue d’une trêve plus globale semblent dans l’impasse. Mais le chef de l’État ukrainien Volodymyr Zelensky a réagi en dénonçant une « tentative de Poutine de jouer avec les vies humaines », sans toutefois se prononcer clairement sur la position de son pays concernant cette trêve.
La Russie a par ailleurs revendiqué avoir presque totalement repris les territoires occupés depuis l’été 2024 par les forces ukrainiennes dans la région russe frontalière de Koursk. Une telle progression déplacerait à nouveau les combats en totalité sur le sol ukrainien. « Guidée par des considérations humanitaires, la partie russe décrète une trêve de Pâques aujourd’hui, de 18 heures (15 h 00 GMT, N.D.L.R.) à minuit entre dimanche et lundi (21 h 00 GMT dimanche). Je donne l’ordre de cesser toutes les hostilités pendant cette période », a déclaré Vladimir Poutine au cours d’une réunion avec des militaires retransmise à la télévision russe.
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Des tentatives précédentes
« Nous supposons que la partie ukrainienne suivra notre exemple », a-t-il ajouté, tout en ordonnant à ses forces de se tenir prêtes à une « réponse immédiate et complète » en cas de « violations de la trêve » ou de « toute action agressive » de la part des soldats de Kiev. Selon le chef de l’État russe, la réponse ukrainienne « montrera la sincérité du régime de Kiev, sa volonté et sa capacité à respecter les accords, à participer au processus de pourparlers de paix visant à éliminer les causes profondes de la crise ukrainienne ».
Pâques, l’une des fêtes les plus importantes du calendrier chrétien qui commémore la résurrection du Christ, est célébrée cette année dimanche, à la même date par les catholiques et les orthodoxes. Des tentatives d’instaurer une trêve à l’occasion de Pâques en Ukraine ont déjà eu lieu à deux reprises depuis le début du conflit en février 2022.
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En avril 2022, une première initiative en ce sens, prise par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, ne s’était pas matérialisée du fait du refus de la Russie, qui avait jugé qu’un cessez-le-feu donnerait l’occasion à l’armée ukrainienne de se regrouper et de se réarmer. L’année suivante, en janvier 2023, le patriarche de l’Église orthodoxe russe Kirill avait exhorté les deux camps à interrompre les hostilités pour Pâques et la Russie avait décrété un cessez-le-feu de 36 heures mais celui-ci avait été qualifié de « piège » par l’Ukraine et les affrontements avaient continué.
La Russie et l’Ukraine ont par ailleurs échangé samedi 246 prisonniers de guerre de chaque camp et 46 soldats blessés requérant des soins d’urgence. Ce type d’échange est l’un des derniers domaines de coopération entre les deux pays.
L’impatience américaine
L’annonce de trêve ce samedi 19 avril intervient alors que les efforts de l’administration de Donald Trump pour trouver une issue au conflit en Ukraine paraissent dans l’impasse ces derniers jours, ce qui a provoqué l’irritation du président américain. Donald Trump a menacé ce vendredi 18 avril de se retirer des négociations sur l’Ukraine faute de progrès rapides dans les discussions séparées avec Kiev et avec Moscou que ses lieutenants ont depuis plusieurs semaines.
Le même jour, le Kremlin avait indiqué considérer comme ayant « expiré » le moratoire sur les frappes contre les sites énergétiques, annoncé en mars pour 30 jours mais dont la mise en œuvre restait floue. La Russie et l’Ukraine s’accusaient de surcroît presque quotidiennement de le violer. Avant l’annonce de cette trêve limitée aux sites énergétiques, Donald Trump avait initialement proposé un cessez-le-feu inconditionnel et complet, dont le principe avait été accepté par Kiev sous la pression de Washington mais écarté par Vladimir Poutine.
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Dans la région russe de Koursk, cible en août 2024 d’une offensive surprise des forces ukrainiennes, la Russie a revendiqué ce samedi 19 avril avoir repris le village frontalier d’Olechnia. Avec la reconquête de ce village frontalier, il n’en reste plus qu’un autre, celui de Gornal, encore sous contrôle ukrainien dans cette région.
« La majeure partie du territoire de la région où l’invasion a eu lieu a maintenant été libérée. Il s’agit de 1 260 kilomètres carrés, soit 99,5 % du territoire de la région », s’est félicité à la télévision le chef d’état-major de l’armée russe, Valeri Guerassimov. Il a en outre assuré que les forces russes avaient repoussé les tentatives ukrainiennes de pénétrer dans la région voisine de Belgorod.
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne