Défense européenne : vers une mainmise de la “reine Ursula” sur les dépenses des États membres ?

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Défense européenne : vers une mainmise de la “reine Ursula” sur les dépenses des États membres ?





















Ce mardi 4 mars, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a détaillé toute une série de mesures constituant son plan baptisé « Rearm Europe ».
Virginia Mayo/AP/SIPA

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Alors qu’Ursula von der Leyen a présenté son plan pour « réarmer l’Europe » face au désengagement des États-Unis vis-à-vis de l’Ukraine, les pays membres de l’UE craignent que la présidente de la Commission européenne n’exploite cette nouvelle crise pour étendre ses pouvoirs à de nouveaux domaines – en l’occurrence, la défense.

Face au désengagement américain vis-à-vis de l’Ukraine, la réponse de l’Europe s’avérera-t-elle en ordre dispersé ? Ce mardi 4 mars, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a détaillé toute une série de mesures constituant son plan baptisé « Rearm Europe » (« Réarmer l’Europe »).

« L’Europe est prête à fortement augmenter ses dépenses pour la défense, devant les urgences à court terme, l’urgence à soutenir l’Ukraine, mais aussi à faire face aux besoins à long terme d’assumer une plus grande responsabilité pour notre propre sécurité européenne », a-t-elle ainsi déclaré, quelques heures après l’annonce, par l’administration Trump, de la « pause » concernant l’aide militaire accordée à Kiev par les États-Unis depuis trois ans.

C’est donc dans l’objectif de pallier le manque de soutien américain qu’Ursula von der Leyen a assuré qu’elle allait utiliser « tous les leviers financiers » afin de permettre aux États membres « d’augmenter leurs dépenses sur toute la décennie ».

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Parmi lesdits leviers, la suspension des règles du Pacte de stabilité et de croissance, qui contraint habituellement les Vingt-Sept à des règles budgétaires strictes, et notamment celle visant à imposer un déficit public inférieur à 3 % de leur produit intérieur brut (PIB). « Ceci permettrait d’augmenter leurs dépenses de 1,5 % du PNB [produit national brut] » sur quatre ans, sans activer un processus de déficit excessif, a affirmé Ursula von der Leyen. Une telle mesure avait été adoptée une première fois lors de la pandémie de Covid-19, de 2020 à 2023.

Fronde des États membres

Outre le flou maintenu sur l’origine des financements de ce plan, le principal obstacle à Ursula von der Leyen ne sera autre que les gouvernements des États membres, d’ores et déjà divisés. « Le vainqueur des élections allemandes [du 23 février et futur chancelier], Friedrich Merz, a indiqué qu’il pourrait être ouvert à de tels projets, mais le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, a indiqué qu’il les bloquerait probablement », peut-on lire dans Bloomberg.

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En outre, d’autres États craignent que la présidente de la Commission européenne n’exploite cette nouvelle crise pour étendre les pouvoirs de Bruxelles à de nouveaux domaines – en l’occurrence, la défense. Dans les colonnes de Politico, un diplomate européen, sous couvert d’anonymat, s’est déjà opposé à la création d’un potentiel fonds pour la défense géré par la Commission. « La défense reste une responsabilité nationale », a-t-il martelé.

Or, une telle stratégie avait été mise en place par Ursula von der Leyen lors de la crise sanitaire, alors qu’elle avait acheté des vaccins pour le compte des pays européens sans avoir attendu leur approbation. Même chose au début de la guerre en Ukraine : la « reine Ursula », comme on la surnomme au sein de la Commission, toujours d’après Politico, avait pris l’initiative de prendre des sanctions contre Moscou et de valider des livraisons d’armes à Kiev.

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De son côté, la Pologne a préparé sa contre-attaque en proposant d’élargir la définition des dépenses de défense dans les règles de l’UE et, ainsi, d’accorder davantage de flexibilité aux gouvernements nationaux. Cette option permettrait notamment aux États membres de décider de façon indépendante des investissements à exempter, ce qui limiterait le rôle de contrôle de la Commission européenne. Toutes ces idées seront à l’ordre du jour et débattues lors de la réunion d’urgence des dirigeants européens, prévue ce jeudi 6 mars.


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