OLIVER CONTRERAS/AFP
Solution à deux États
Par Jeanne Auberger
et Rachel Binhas
Publié le
Si Emmanuel Macron a récemment appelé de ses vœux la reconnaissance par la France d’un État palestinien, sa déclaration n’a pas le poids escompté selon la sociologue et directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales Dominique Schnapper, interrogée par « Marianne » comme quatre autres grandes voix sur le sujet. Notamment car « ni les Palestiniens ni les Israéliens ne veulent d’un deuxième État », estime l’auteur de « Juifs et Israélites » (Gallimard, réédition 2025).
Je ne pense pas que le projet d’Emmanuel Macron visant à reconnaître un État palestinien ait une grande influence. D’une part, tout le monde ou presque en France appuie cette solution. D’autre part, le poids de la France sur la scène internationale n’est pas tel que la démarche puisse apparaître comme un événement important. Or ni les Palestiniens ni les Israéliens ne veulent d’un deuxième État. La déclaration du président n’a donc guère de rapport avec la réalité. Ses propos sont peut-être guidés par des considérations de politique intérieure, le mouvement de l’opinion étant de plus en plus favorable aux Palestiniens.
Quand Israël a été reconnu par l’ONU, cette reconnaissance était accompagnée du projet de créer un État juif et un État arabe. Les pays arabes ont refusé cette condition et ont lancé la guerre en 1948. À partir de là, nous sommes entrés dans une série de guerres qui ont rendu cette solution de plus en plus difficile. C’est une tragédie à la Shakespeare ! Le camp de la paix en Israël est très affaibli depuis des années, et le 7 octobre 2023 l’a achevé, cela a été le coup de grâce.
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À cela s’ajoute la politique de Benyamin Netanyahou. On entend des voix en Israël prônant l’intégration des Palestiniens à l’intérieur des frontières israéliennes, mais c’est la politique qui a déjà été suivie (20 % des citoyens israéliens sont des Arabes), mais cela ne résout pas le problème politique. Aujourd’hui, le degré de haine réciproque et le mouvement islamiste mondialisé empêchent les Israéliens et les Arabes de vivre ensemble. Or il faut un minimum de solidarité entre les membres d’un même pays.
Des terroristes du Hamas ont diffusé victorieusement les images de femmes agressées et violées. L’armée israélienne suscite la haine des populations dont elle occupe le territoire. La politique suppose l’action et le réalisme. On peut souhaiter deux États, mais comment faire ? Force est de constater que personne n’a la réponse aujourd’hui.
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne