Les bombardements de l’armée israélienne sur la bande de Gaza ont repris depuis la fin de la trêve en mars 2025. Or, le président français Emmanuel Macron propose que la France reconnaisse l’existence de l’État palestinien en juin 2025 ?
À court terme, la reconnaissance par la France d’un État palestinien pourrait permettre de renforcer la légitimité de l’autorité palestinienne et finalement favoriser l’aboutissement de la Paix. Cependant, quelle est à long terme la meilleure solution pour la paix en Israël et en Palestine ? Une solution à deux États ou plutôt à un État ?
Nous allons tenter de peser le pour et le contre, tant il s’avère délicat de savoir quelle sera la meilleure des deux solutions, pour parvenir à une paix saine, démocratique et durable.
Une bonne compréhension de la situation actuelle permettra de mieux choisir les solutions pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
La situation actuelle en Israël et en Palestine est caractérisée par la coexistence d’un État israélien et d’une Autorité palestinienne, avec des dynamiques complexes et souvent conflictuelles. Israël est un État souverain reconnu internationalement, avec un gouvernement centralisé et des institutions bien établies. Il contrôle la majeure partie du territoire, y compris Jérusalem, et maintient une présence militaire en Cisjordanie.
Quant à l’Autorité palestinienne (AP), c’est une entité semi-autonome qui administre certaines parties de la Cisjordanie. Elle a été créée en 1994 à la suite des Accords d’Oslo pour gouverner les zones A et B de la Cisjordanie, tandis qu’Israël conserve le contrôle total de la zone C. L’autorité palestinienne a son siège à Ramallah et est responsable de la gestion civile et de la sécurité intérieure dans les zones sous son contrôle.
La bande de Gaza est administrée par le Hamas, un groupe islamiste qui a pris le contrôle de la région en 2007 après un conflit avec l’Autorité palestinienne. Gaza est souvent le théâtre de conflits violents entre le Hamas et Israël, exacerbant la crise humanitaire dans la région².
Cependant, Israël possède une armée puissante et bien équipée, tandis que les forces de sécurité palestiniennes sont limitées et souvent sous la supervision israélienne. Tandis que l’économie palestinienne dépend largement d’Israël, avec des restrictions sur les mouvements de personnes et de biens qui affectent gravement la vie quotidienne des Palestiniens. Les deux principales solutions pour sortir de ce conflit consiste dans la solution à un État ou à deux États. Cependant, chacune de ces solutions comporte des avantages et des inconvénients. Il s’agit donc de bien peser le pour et le contre.
Il y a des avantages dans la solution à deux États.
C’est la distinction claire entre un État israélien et un État palestinien. Elle vise à permettre aux deux peuples de vivre côte à côte en paix, avec des frontières basées sur celles d’avant 1967. Les Palestiniens auraient leur propre État souverain, ce qui répondrait à leurs aspirations nationales. La création de deux États distincts permettrait à chaque peuple de gouverner son propre territoire, réduisant ainsi les frictions directes.
Cependant, la solution à deux États comporte des inconvénients.
Les frontières de 1967, y compris Jérusalem-Est, resteraient un point de discorde majeur. De plus, la présence de colonies israéliennes en Cisjordanie complique la création d’un État palestinien viable. À cela s’ajoute le droit au retour des réfugiés palestiniens. Les préoccupations sécuritaires des deux côtés pourraient rendre difficile la mise en œuvre de cette solution.
La solution à un État, ou État binational, propose un seul État dans lequel vivraient ensemble Israéliens et Palestiniens avec de droits égaux.
La solution à un État est souvent perçue comme permettant plus de droits égaux pour plusieurs raisons. Dans un État binational, tous les citoyens, qu’ils soient Israéliens ou Palestiniens, auraient théoriquement les mêmes droits civiques, politiques et sociaux. Cela inclurait le droit de vote, l’accès aux services publics, et la protection égale sous la loi, sans distinction de nationalité ou d’origine ethnique.
Un État unique pourrait potentiellement éliminer les discriminations institutionnelles et les inégalités légales qui existent actuellement entre les Israéliens et les Palestiniens. Par exemple, les Palestiniens vivant en Cisjordanie et à Gaza n’ont pas les mêmes droits que les citoyens israéliens.
Un État unique pourrait garantir des droits égaux à tous les citoyens, indépendamment de leur origine ethnique ou religieuse. Cette solution pourrait contribuer à éliminer les discriminations institutionnelles actuelles et favoriser une meilleure intégration. Cela pourrait aider à réduire les tensions et les conflits en créant un sentiment d’appartenance commune.
Néanmoins, il y a des inconvénients dans la solution à un État.
Cette solution soulève des préoccupations quant à la viabilité d’un tel État, notamment en termes de gouvernance, de sécurité, et de préservation des identités nationales et culturelles. En effet, la situation actuelle peut être vue comme une version asymétrique de la solution à deux États, où l’un des États exerce une domination significative sur l’autre. Cette dynamique crée un environnement de tension et de conflit continu, rendant la recherche d’une solution durable encore plus complexe. Dans un seul État, si la démocratie était effective, les citoyens d’origine palestinienne deviendraient majoritaires aux élections. Or, la majorité des israéliens le refusent.
La mise en place d’un État binational pourrait être difficile à réaliser en raison des profondes divisions historiques, culturelles et religieuses. La gestion d’un État binational avec des populations ayant des identités et des aspirations différentes pourrait être extrêmement difficile. Les tensions historiques et culturelles pourraient mener à des conflits internes persistants⁷. Enfin, les deux peuples pourraient craindre de perdre leur identité nationale et culturelle dans un État unique.
La solution à un État est une vision qui viserait donc à garantir l’égalité des droits pour tous les habitants de la région, mais elle nécessiterait des compromis et une volonté politique considérable de la part de toutes les parties impliquées.
En définitive, les deux solutions présentent des avantages et des défis significatifs.
La solution à deux États est souvent perçue comme plus réalisable à court terme, mais elle nécessite des compromis sur des questions sensibles comme les frontières et les colonies. La solution à un État promeut l’égalité des droits, mais elle pose des défis considérables en termes de gouvernance et de cohésion sociale.
Les partisans de la solution à deux États estiment que cette solution est la plus réaliste pour garantir la paix et la sécurité des deux peuples tout en respectant leurs aspirations nationales. Tandis, que les partisans de la solution à un État considèrent que c’est la seule manière de garantir des droits égaux pour tous les palestiniens et israéliens, sans discrimination. Il n’y a donc pas de réponse simple, car chaque solution comporte ses propres défis et implications.
(*) Thierry Brugvin est enseignant-chercheur et docteur en sociologie. Ses recherches portent sur l’action des mouvements sociaux transnationaux dans la régulation démocratique du travail, du commerce éthique, ainsi que sur l’influence des pouvoirs économiques internationaux sur le pouvoir politique. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages individuels et collectifs, dont : “Qu’est-ce qui dirige le monde ? La finance, l’idéologie, la psychologie ?”, publié chez Libre et solidaire en 2019.
Thierry Brugvin