Le Fonds monétaire international (FMI) va publier ce mardi après-midi ses nouvelles prévisions actualisées de croissance pour l’économie mondiale (WEO). Et sa directrice générale, Kristalina Georgieva, a déjà prévenu en fin de semaine dernière qu’il ne faut pas s’attendre à une amélioration par rapport à ses précédentes estimations de janvier. Bien au contraire.
« Nos nouvelles projections de croissance seront nettement révisées à la baisse, mais nous n’y parlerons pas de récession », a indiqué la responsable.
Depuis janvier, l’institution monétaire a fixé la croissance mondiale à +3,3 % pour 2025, soit un niveau en hausse de +0,1 point de pourcentage par rapport à ses prévisions d’octobre.
La faute de Trump
La raison de cette dégradation des perspectives du FMI vient de la guerre commerciale lancée par les États-Unis. Le président américain a en effet augmenté depuis début avril les droits de douane de 10 % sur l’ensemble des produits entrant sur son sol, et même jusqu’à 145 % sur les produits chinois. Pékin a rendu la monnaie de sa pièce en instaurant à son tour 125 % de taxes douanières supplémentaires aux produits américains.
« Cela aura des conséquences, estime Kristalina Georgieva. Car pendant que les grands s’affrontent, les plus petits pays sont pris entre deux feux. La Chine, l’Union européenne et les États-Unis sont les plus gros importateurs. La conséquence ? La taille importe et ils sont capables de provoquer d’énormes retombées sur le reste du monde », a-t-elle alerté.
D’autant plus que la situation n’est pas figée. Donald Trump envisageait initialement de mettre en place des droits de douane réciproques, avant de finalement suspendre la mesure pour 90 jours. Et il menace depuis régulièrement d’imposer de nouvelles taxes douanières sur certains secteurs. S’il n’est pas encore passé à l’offensive pour le moment, on sait à quel point le dirigeant américain est imprévisible.
« Mettre de l’ordre »
Reste que ce tableau sombre peut néanmoins s’éclaircir aux yeux de Kristalina Georgieva. « Les perspectives de l’économie mondiale montreront aussi que si les pouvoirs publics prennent des mesures pour régler les divergences et rétablir l’équilibre, l’issue sera meilleure », a-t-elle avancé.
Cela passe par la nécessité, pour l’ensemble des pays, de « remettre de l’ordre dans leurs affaires » car « il n’y a pas de place pour reporter les réformes nécessaires », selon elle. « Une action budgétaire résolue afin de reconstruire l’espace financier nécessaire et un chemin d’ajustement graduel respectant les cadres budgétaires » s’impose notamment, a insisté la responsable. Mais il faut également compenser le retard pris par les autres pays vis-à-vis des États-Unis en termes de productivité.
Parmi les solutions préconisées par la directrice générale du FMI : « Des réformes ambitieuses du secteur bancaire, des marchés de capitaux, des règles de concurrence, du droit de la propriété intellectuelle et une adaptation aux usages de l’intelligence artificielle », capable de générer selon elle d’importants gains de croissance. Les pays doivent également corriger leurs principaux déséquilibres, budgétaires pour les États-Unis ou la France, ou de balance commerciale dans le cas de la Chine ou de l’Allemagne.
Enfin, dans un monde désormais « multipolaire », « la plus importante des priorités est de nous assurer que nous pouvons coopérer », et le FMI doit jouer un rôle en tant que « lieu essentiel pour le dialogue dans une période cruciale », a conclu Kristalina Georgieva.
(Avec AFP)
À lire également
latribune.fr