532 000 immigrés auraient dû quitter les États-Unis jeudi 24 avril. Mais une juge fédérale de Boston, Indira Talwani, a rendu une ordonnance, la semaine dernière, qui empêche l’administration Trump de révoquer le statut légal de ce demi-million de Cubains, Haïtiens, Vénézuéliens et Nicaraguayens.
Cette cohorte d’étrangers avait pourtant franchi légalement la frontière américaine. Et ce, grâce à un programme mis en place par l’ancien président des États-Unis, Joe Biden, fin 2023. Une politique d’immigration désormais dans le viseur de l’actuel locataire de la Maison-Blanche, Donald Trump. Ce dernier ayant promis pendant sa campagne électorale d’expulser des « millions » d’immigrés sans papiers.
Pour autant, aussi honnie soit-elle par l’administration Trump, la main-d’œuvre étrangère — des personnes qui ne sont pas nées citoyennes américaines — semble aujourd’hui indispensable à l’économie outre-Atlantique. Et pour cause : cette force vive représente près de 19 % de la main-d’œuvre totale aux États-Unis, selon une étude publiée le 21 mai 2024 par le Bureau of Labor Statistics (BLS), une agence fédérale liée au Département du Travail américain.
Une main-d’œuvre très masculine
Sur un plan démographique, cette main-d’œuvre est constituée à près de 60 % d’hommes, dont 70 % sont âgés entre 25 et 54 ans, d’après l’étude. Des immigrés qui, pour la moitié d’entre eux, sont hispaniques et pour un quart asiatiques. Blancs et Noirs sont représentés respectivement à hauteur de 15 % et de 11 %.
Par ailleurs, les statistiques établies par le BLS laissent transparaître un niveau scolaire inférieur à celui des travailleurs américains. 18,5 % de la main-d’œuvre étrangère n’a pas terminé le lycée. C’est 5,6 fois plus que pour les travailleurs nés aux États-Unis. Et les immigrés sont aussi deux fois moins nombreux à être diplômé de l’université.
Malgré tout, même s’il a légèrement progressé depuis le Covid, le taux de chômage de cette population reste faible à 3,6 % (chiffre 2023). Régulièrement pris pour cible par Donald Trump, les immigrés latinos affichent, eux, le plus fort taux de chômage (4,1 %) parmi les étrangers.
Des salaires souvent plus faibles
Conséquence d’une moindre qualification, la main-d’œuvre étrangère est surreprésentée dans certains secteurs de l’économie américaine : les services à la personne, le bâtiment et les travaux publics, la maintenance ou encore les transports. À l’inverse, plus rares sont les immigrés à occuper des postes dans le secteur tertiaire ou les emplois de bureau.
De cette répartition des postes au sein du marché du travail découle, assez logiquement, une médiane des salaires (indicateur qui sépare un groupe d’individus en deux groupes équivalents) plus faibles : 987 dollars par semaine contre 1 140 dollars pour les travailleurs américains. De fait, les hommes comme les femmes étrangères affichent des médianes salariales inférieures à celles des travailleurs natifs. Seul point positif, ces inégalités se réduisent nettement avec l’obtention d’un diplôme tel qu’un Bachelor ou un Master.
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Jean-Victor Semeraro