La Réserve fédérale va-t-elle finir par plier sous Donald Trump ? Le président américain a accentué la pression ces derniers jours sur le président de la Fed, Jerome Powell. « Si je veux qu’il parte, il va partir très vite croyez-moi », a lancé le locataire de la Maison-Blanche jeudi dernier. Une menace réitérée lundi : « Il peut y avoir un RALENTISSEMENT de l’économie à moins que ‘Monsieur le retardataire’, cet immense loser, ne baisse les taux d’intérêt, MAINTENANT », a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.
Kevin Hassett, directeur du Conseil économique national, a indiqué vendredi que Trump et son équipe réfléchissaient à la possibilité de licencier Jerome Powell. D’après le Wall Street Journal, le président aurait même eu des entretiens avec un potentiel remplaçant : l’ancien gouverneur de la Fed Kevin Warsh.
Jerome Powell a pourtant été nommé par Trump en 2017, puis reconduit par Joe Biden en 2022. Son mandat s’étend désormais jusqu’en mai 2026. Mais depuis son retour au pouvoir, le républicain reproche au patron de la Fed de ne pas baisser ses taux assez vite. Une baisse des taux pourrait doper la croissance, alors que les États-Unis viennent d’imposer des droits de douane à presque tous les pays du monde. Mais la Fed préfère prendre son temps afin de ne pas prendre le risque d’aggraver l’inflation.
Pas de précédents
Dans les faits, aucun président de la réserve fédérale américaine n’a été renvoyé à ce jour. De son côté, le président de la Fed a été clair : « non », il ne démissionnera pas, avait-il déjà répondu à une journaliste en novembre dernier. Et le contraindre à partir serait « interdit par la loi », selon lui.
Les dirigeants des agences fédérales indépendantes comme la Fed ne peuvent pas être licenciés par le président. C’est ce qu’indique une décision rendue en 1935 par la Cour suprême dans l’affaire Humphrey’s Executor versus US. Les membres de la Fed peuvent donc être remerciés seulement « pour motif valable », notamment en cas de faute et non en cas de désaccord politique.
Un précédent que l’administration Trump souhaite cependant balayer. La Cour suprême, en majorité conservatrice, a été saisie d’une affaire portant sur la révocation de responsables d’agences indépendantes. Le président a, en effet, licencié des dirigeants d’agences fédérales indépendantes comme la Commission fédérale du commerce (la FTC) ou la Commission électorale fédérale (FEC). Si la plus haute instance juridique du pays se range du côté de Donald Trump en renversant ce précédent, cela pourrait menacer la position de Jerome Powell.
Le président de l’institution monétaire a indiqué suivre « attentivement » cette affaire. « Je ne pense pas que cette décision s’appliquera à la Fed, mais je n’en suis pas certain », a déclaré Jerome Powell.
Risques pour le marché
Outre les barrières juridiques, renvoyer le président de la Fed pourrait surtout avoir des incidences financières. La guerre commerciale du président et ses multiples revirements ont déjà entraîné une hausse importante de la prime de risque des bons du Trésor américain. L’incertitude provoquée par la démission forcée de Jerome Powell pourrait empirer la situation.
D’autant plus que c’est l’indépendance même de l’institution qui serait alors remise en question. Ce qui pourrait questionner la capacité de la Fed à effectuer correctement et sans pression politique l’une de ses missions principales : contenir l’inflation. Les propos de Donald Trump ont déjà déclenché la panique sur les marchés mondiaux : les indices américains ont chuté lundi, et les Bourses européennes ont ouvert en baisse.
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