“Exploiteur”, “papesse” et “impatience d’y être” : les pires réactions à la mort du pape François

Le pape est mort, des athées le pleurent et certains chrétiens se félicitent de voir son pontificat s’arrêter après plus de 12 ans d’un règne marqué par des actions et déclarations clairement progressistes, et d’autres plutôt conservatrices. Alors évidemment, de Vladimir Poutine à Donald Trump en passant par toutes les nuances de l’échiquier politique français, les réactions nous ont offert une belle palette de caricatures, d’hypocrisie ou de cécité volontaire. Marianne vous a réuni quelques perles qu’on aurait préféré ne pas lire.

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La gauche tout terrain

Qu’aurait dit le Jean-Luc Mélenchon de 2012 ou de 2017 à propos de l’action ou des propos du pape François ? En tout cas, celui de 2025 est radicalement positif. Il a pris la plume sur le site de l’hebdomadaire chrétien La Vie pour saluer un pape qui fait partie « des personnages à qui on sait devoir quelque chose sans les avoir jamais approchés » en soulignant – vous allez voir c’est subtil – son « insoumission active ». Le leader de la France insoumise n’a pas brodé son éloge dans la dentelle, et va même jusqu’à dire que grâce à l’action de l’évêque de Rome, « l’enfer pourrait bien devoir reculer son territoire ». Visiblement, l’ancien bouffeur de curé n’a vraiment plus faim. L’ancien patron du Front de gauche a évidemment été partagé par ses fidèles, comme Antoine Léaument, qui a salué un « très bel hommage au pape François ».

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Il y en a une qui n’a pas rangé les armes séculaires de la gauche laïque, et a choisi de tirer à boulets rouges sur le corbillard immaculé de l’ancien archevêque de Buenos Aires. La militante trotskiste Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière, a carrément décidé de tracer un trait d’union entre le Pape François et les pires réactionnaires de la planète. Dans la plus pure tradition de la bataille matérialiste face à « l’opium du peuple », la militante a décidé de railler François pour en faire un Trump en soutane, ou un Poutine en papamobile, car au service de l’ordre bourgeois capitaliste : « Macron, Milei, Meloni, Poutine, Trump : la Sainte Alliance des hommages au Pape ! Exploiteurs, fauteurs de guerres, affameurs des peuples sont reconnaissants à l’un des leurs pour services rendus au maintien de l’ordre établi et à la résignation pour les exploités. » « L’un des leurs », rien que ça.

Pour clôturer le bal à gauche, Sandrine Rousseau a tenu à ajouter sa touche personnelle sur Bluesky, le nouveau X anti-Musk, soulignant un souhait bien à elle : « Le jour viendra d’une Papesse. » Visiblement, l’écologiste ne croit pas qu’à la puissance des sorcières, elle aime les miracles.

À droite, des bénédictions tièdes à l’hostilité ardente

Les éloges à l’égard du souverain pontife se tarissent à mesure que l’on glisse à droite de l’échiquier politique. Chez les candidats à la présidence des Républicains, les hommages sont furtifs, et les thèmes de la vie du souverain pontife sont savamment choisis pour éviter les sujets qui fâchent. Sur X, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a sobrement souligné son « souci constant des pauvres ». Il aurait été étonnant qu’il salue son engagement pour la Palestine ou son appel à accueillir les migrants plutôt que de transformer la Méditerranée en « cimetière ». Grande sobriété choisie également pour Laurent Wauquiez : « Le pape François est mort, au lendemain de son dernier salut aux croyants. En ce lundi de Pâques, la joie de la Résurrection se mêle à la tristesse de l’adieu au Saint-Père », a-t-il laconiquement écrit sur X.

Heureusement, on peut compter sur la sphère Bolloré pour vraiment mettre les pieds dans le plat. Le chroniqueur de CNews Kevin Bossuet n’a pas attendu de délai de décence pour cracher sa haine du pape chaussée d’énormes sabots : « Le pape François méprisait la France et l’Europe. Il détestait l’Occident. Il haïssait tous ceux qui luttent contre l’immigration massive et l’islamisme. Il n’a pas compris ce qui s’est passé le 7 octobre. C’était un idéologue. Oui, je n’aimais pas ce pape. C’est mon droit. »

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Jamais le dernier pour aller beaucoup trop loin, on trouve évidemment l’ancien syndicaliste policier Bruno Attal, proche d’Éric Zemmour. Celui qui est déjà en campagne twitterienne pour l’élection au siège de Saint-Pierre du très réactionnaire cardinal Sarah s’est fendu d’un tweet caricaturant le pape François en antisémite pour ses déclarations controversées sur Israël et Gaza – oubliant qu’il avait également alerté sur la remontée de l’antisémitisme : « Le pape François est parti rejoindre Jesus le juif et non le Palestinien. Qu’il repose en paix malgré le mal qu’il a fait au peuple juif ».

Le bal des faux dévots

Sans surprise, l’Outre-Atlantique garantissait son lot de réactions ubuesques, à commencer par le président des États-Unis. Jusqu’ici, Donald Trump s’était contenté d’un éloge funèbre concis : « Repose en paix, pape François ! Que Dieu le bénisse, ainsi que tous ceux qui l’ont aimé ». Un hommage dont la sobriété surprend peu au regard du passif entre les deux hommes qui s’étaient écharpés indirectement sur la politique anti-migrants du président américain lors de son premier mandat. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Dès l’annonce de la date des obsèques du souverain pontife – le 26 avril prochain –, Donald Trump s’est empressé d’annoncer sa présence avec sa femme Melania, affirmant sur son réseau Truth Social qu’ils étaient « impatients d’y être ! ». Avant samedi, peut-être sera-t-il utile de lui rappeler la teneur de la cérémonie.

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Et comme le culot ne connaît pas de frontières, Vladimir Poutine y est également allé de son hommage au souverain pontife, qu’il qualifie de « défenseur constant des hautes valeurs d’humanisme et de justice ». Un hommage grotesque au regard des agissements du président russe, visé depuis mars 2023 par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre en Ukraine – dont « déportation illégale » d’enfants – qui l’empêchera par ailleurs d’assister aux obsèques du pape.