Donald Trump continue de souffler le chaud et le froid. Après avoir menacé le patron de la Fed à plusieurs reprises, le président américain a finalement assuré qu’il « n’avait pas l’intention » de le renvoyer. « J’aimerais le voir un peu plus actif » concernant la baisse des taux, a-t-il précisé. « S’il ne le fait pas, est-ce que c’est la fin? Non ». Pourtant, semaine derrière, le locataire de la Maison-Blanche avait traité Jerome Powell d’« immense loser » car il ne baissait pas les taux assez rapidement.
Autre revirement de l’administration ce mardi : celui sur les droits de douane imposés à la Chine. Lors d’une cérémonie à la Maison-Blanche, Donald Trump a avoué lui-même que les surtaxes de 145 % à la Chine étaient « très élevées » et qu’elles allaient baisser. « Elles ne resteront en aucun cas proches de ce chiffre », a-t-il déclaré. « Nous allons être très gentils, ils vont être très gentils et nous verrons bien ce qui se passe » a-t-il ajouté en précisant cependant qu’elles ne reviendront « pas à zéro ».
Rassurer les marchés
Ces rétropédalages intempestifs, sans trop d’explications, donnent l’impression à l’administration Trump de naviguer à vue. Une chose est sûre : les marchés n’aiment pas l’incertitude et réagissent au quart de tour aux déclarations du président américain. « Quand Trump dit A, les marchés anticipent B… mais il peut revenir à A ou inventer C. Cette imprévisibilité transforme chaque déclaration en bombe potentielle », explique John Plassard, spécialiste de l’investissement pour le groupe bancaire et financier Mirabaud.
Mais si Donald Trump donne l’impression qu’il ne confère que peu d’importance aux marchés financiers, ses derniers revirements laissent penser le contraire. Après ses insultes à l’égard du président de la Fed, les marchés s’étaient emballés, craignant une perte d’indépendance de la banque centrale américaine dans sa mission à contrôler l’inflation aux États-Unis. La Bourse de New York avait notamment terminé en baisse lundi. Dès le lendemain, le président n’a pas tardé à rassurer les marchés, qui ont repris ensuite des couleurs, en niant avoir voulu renvoyer Jerome Powell.
« Les faits montrent clairement que Donald Trump ajuste sa communication — et parfois même ses décisions — en réponse directe aux secousses des marchés financiers. L’objectif semble être d’éviter des tensions économiques majeures en donnant ponctuellement aux marchés ce qu’ils attendent pour se stabiliser – une stratégie directement issue de sa logique de négociateur décrite dans The Art of the Deal », estime John Plassard.
Le revirement des droits de douane
Du côté des droits de douane, les récentes déclarations d’apaisement ont rassuré les Bourses mondiales qui sont en nette hausse ce mardi. Les marchés étaient pourtant sous pression avec l’escalade de la guerre commerciale entre Pékin et Washington : les États-Unis ont imposé 145 % de surtaxes sur les produits chinois, et la Chine, en représailles, a instauré 125 % de droits de douane supplémentaires sur les produits américains. Parmi les raisons invoquées à cette désescalade, Scott Bessent, le secrétaire du Trésor, a indiqué mardi qu’une baisse des tensions entre les deux pays « devrait donner au monde, aux marchés, un soupir de soulagement », a rapporté CNBC.
Trump avait déjà effectué un revirement sur ses droits de douane réciproques début avril qu’il comptait appliquer au monde entier. Pour rappel, le fameux « jour de libération » s’était très vite transformé en un « lundi noir » la semaine suivante : les bourses mondiales avaient fortement dévissé. Un changement de cap qui avait questionné analystes et médias du monde entier.
Trump avait alors nié qu’une telle volte-face soit lié au marché. Les proches du président ont, eux, loué une stratégie brillante, pour permettre au milliardaire de républicain de négocier plus facilement avec les différents pays. « Vous avez assisté à la plus grande stratégie économique d’un président américain de l’histoire », avait alors notamment commenté Stephen Miller, l’adjoint au chef de cabinet de la Maison-Blanche.
Le président a quand même avoué qu’il avait senti que les investisseurs commençaient « à s’énerver, à avoir peur ». « J’avais l’œil sur le marché obligataire », avait-il même ajouté. Car la panique déclenchée par la guerre commerciale, a fait flamber le taux d’emprunts américains. « L’instabilité du marché obligataire, en particulier celle des Treasuries, représente une menace systémique pour l’économie américaine et mondiale. Trump sait que trop de tension sur les taux — comme un 10 ans US à 5 % — pourrait provoquer une crise de confiance, voire une panique, avec à la clé des conséquences politiques pour lui », analyse John Plassard. Avant de conclure : « Contrairement à une négociation immobilière, l’économie mondiale n’offre pas de clause de sortie sans dégâts. Gouverner avec les codes du business, c’est risquer de gouverner au rythme de la Bourse ».
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