La requête de l’administrateur judiciaire de Verney Carron, Éric Etienne-Martin, a été validée par le Tribunal de commerce de Saint-Etienne, lors de l’audience qui s’est tenue ce mercredi : il n’a pas sollicité la conversion en liquidation du redressement judiciaire ouvert en février dernier, mais a plaidé pour la poursuite de la période d’observation jusqu’au 28 mai.
FN Browning toujours dans la course
Cybergun, actionnaire majoritaire de Verney Carron (fabricant stéphanois de fusils de chasse et d’armes destinées à la sécurité civile et à la Défense), dispose donc d’un mois supplémentaire pour finaliser le plan de continuation, sur lequel il travaille depuis plusieurs semaines et qui s’adosse à une reprise de la majorité du capital par l’industriel belge, FN Browning.
Les obstacles à ce plan de continuation ne sont toutefois pas encore levés à ce jour. Car si FN Browning a bien déposé une offre ferme le 3 mars dernier, la condition suspensive liée à une finalisation préalable de la restructuration financière de Verney Carron n’est toujours pas complètement résolue.
Dans le détail, il manquait 4,5 millions d’euros à la PME stéphanoise (avec un chiffre d’affaires 2024 : 3 millions d’euros) pour assurer cette restructuration. Sur cette somme, il resterait un million d’euros de financement encore incertain, selon Hugo Brugière, le patron de Cybergun : la Ville de Saint-Etienne s’est en effet engagée à racheter les locaux de l’entreprise pour un montant de deux millions d’euros (avec un contrat de location de dix ans).
Par ailleurs, 1,5 million d’euros de dettes fiscales pourrait, selon l’actionnaire, être abandonnées partiellement ou totalement par l’État dans le cadre des discussions actuellement menées. « Nous travaillons avec l’État pour trouver des solutions pour ce dernier million. Nous avançons, je pense que nous allons y arriver mais je ne peux en être certain. Pour le moment, en tout cas, rien n’est acté définitivement ».
Des offres de reprise avant le 5 mai
Face à cette incertitude, l’administrateur judiciaire avait ouvert la porte la semaine dernière à un plan B, avec le lancement d’un appel d’offres dans le cadre d’un plan de cession. Les offres de reprise devront être présentées avant le 5 mai prochain.
La data room aurait été ouverte à une dizaine de marques d’intérêts sérieuses. Interrogé sur le profil de ces repreneurs potentiels, Hugo Brugière évoque des profils français et étrangers, industriels et non industriels.
Parmi les offres qui seront présentées, devraient figurer a minima celle de FN Browning (si le plan A en continuation avec Cybergun ne fonctionnait pas) ainsi que, selon nos informations, celle du distributeur ligérien Rivolier (320 salariés ; 150 millions d’euros de chiffre d’affaires).
Ce dernier réalise déjà 50 millions d’euros de CA dans le secteur de la Défense et de la Sécurité civile (équipement des polices municipales, munitions et armes pour la police nationale et l’armée de terre, etc). Il a racheté récemment le fabricant altiligérien de drones Hexadrone avec l’ambition de le positionner plus fermement sur le secteur de la Défense. Rivolier, qui est déjà le distributeur des armes Verney Carron depuis deux ans, espère bien remporter la partie et se fait accompagner sur ce projet par un expert du secteur : l’ex-CEO de FN Browning…
De leur côté, les salariés espèrent un repreneur industriel, s’engageant sur le long terme. « Nous voulons tourner la page Cybergun et des financiers. Cela ne fonctionne pas. L’entreprise a tenu ces trois dernières années uniquement grâce à la résilience des salariés », dénonce Pascal Darnon, délégué syndical CGT (unique syndicat présent dans l’entreprise).
Ils réclament aussi un coup de pouce de l’État, dans le cadre de la constitution d’un pôle national de Défense. « Dans le contexte actuel où on nous parle d’économie de guerre, même si la Défense n’est encore qu’une petite activité pour nous, il n’est pas concevable que l’État nous abandonne. Cela peut passer par une entrée au capital et/ou par des commandes qui permettraient au repreneur d’investir plus sereinement ».
Sauf report, les 67 salariés de Verney-Carron devraient être fixés sur leur sort le 28 mai prochain. Comme le 9 avril et comme ce 24 avril, ils devraient venir en nombre manifester leur inquiétude et leur inquiétude devant les portes du Tribunal de commerce de Saint-Etienne.