À mi-chemin entre provocation outrancière et propagande assumée, « la Furia » s’impose comme le nouveau porte-voix de l’extrême droite identitaire. Derrière ses airs de satire, la revue s’attaque frontalement à tout ce qui incarne le changement social ou culturel, en surfant sur la nostalgie d’un ordre fantasmé et une rhétorique de plus en plus violente et haineuse. Pour son dernier numéro trimestriel paru le 17 avril 2025 le magazine a choisi de tapisser Paris avec une “une” pro-peine de mort.
« Après une bonne séance de boxe, quoi de mieux que de recevoir le dernier Furia, eheh. » La phrase, lancée sur les réseaux sociaux par un lecteur enthousiaste, donne le ton. Les trimestriels d’extrême droite se multiplient, et la Furia entend bien marquer les esprits. Après la campagne controversée du magazine Frontières, c’est désormais ce journal satirique d’extrême droite qui s’affiche dans les rues de Paris. Dans sa quatorzième édition, la Furia frappe fort : en « une », un dessin signé Marsault représente un bourreau brandissant une hache ensanglantée sous le slogan « La justice, c’était mieux avant ». Une image qui suggère sans détour le fantasme d’un retour à la peine de mort.
Nous sommes en 2022. Laura Magné, ex-éditrice de la sulfureuse maison Ring, revient sur le devant de la scène en lançant la Furia, un nouveau magazine trimestriel, épaulée par le vidéaste Papacito, l’essayiste identitaire Laurent Obertone et le dessinateur Marsault qui se revendique sur sa page Facebook comme « dessinateur controversé (si j’étais de gauche, on dirait engagé)». Proche de Papacito, l’auteur met souvent en scène, dans ses dessins, un personnage récurrent : un homme musclé au crâne rasé, nommé « Eugène ». Ce dernier assomme, ou attaque au char d’assaut, des personnages que l’auteur considère comme agaçants. Parmi eux, des personnes de gauche, des féministes ou encore des fumeurs de joints arborant des dreadlocks.