Il y a 80 ans, les Françaises votaient pour la première fois et déjouaient tous les pronostics inspirés par le machisme ambiant, ou presque. Retour sur l’histoire d’un vote montré du doigt, mais précieux politiquement.
Hasard du calendrier, le premier scrutin auquel les citoyennes françaises participent, le 29 avril et le 13 mai 1945, est municipal, avec deux tours qui enjambent la fin de la guerre… Un an plus tôt, l’Assemblée consultative provisoire – émanation de la France libre et siégeant à Alger –, avait adopté l’ordonnance dont l’article 17, rédigé par le communiste Fernand Grenier, accorde aux femmes le droit de vote et l’éligibilité.
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Moins que l’aboutissement d’un siècle et demi de militantisme, la mesure, déjà passée à la Chambre des députés mais bloquée par le Sénat en 1936, est « presque une formalité », selon l’historienne spécialisée Anne-Sarah Bouglé-Moalic (1). Mais les stéréotypes misogynes perdurent : « Cela n’amuse pas la Française de voter. Elle aime le calme de sa maison, la poésie de ce sanctuaire familial où jouent ses tout-petits », assure la Croix le 29 avril 1945, à l’unisson de la quasi-totalité des journaux de l’époque.