La Chine a annoncé, ce mercredi, une augmentation de 7,2 % de son budget militaire pour 2025, poursuivant une trajectoire de hausse continue de ses dépenses de défense. Cette progression s’inscrit dans un contexte international tendu, marqué par les tensions autour de Taïwan, la guerre en Ukraine et les recompositions stratégiques en Asie.
Mais, à l’exception des intimidations à l’encontre de ses voisins, des combats frontaliers à coups de bâton avec l’Inde, la Chine ne s’est pas engagée dans une guerre depuis 1979. Alors, comment Pékin se positionne-t-il face aux autres puissances militaires ?
De grandes dépenses militaires
Les données du Sipri, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, permettent de situer cette dynamique. En valeur absolue, les États-Unis restent de très loin le premier budget militaire au monde, avec près de 1 000 milliards de dollars dépensés chaque année pour leurs forces armées. La Chine, avec plus de 200 milliards de dollars, se classe au deuxième rang, devant la Russie, l’Inde ou encore l’Arabie saoudite. Les données utilisées sont celles du gouvernement chinois. Ce niveau de dépense reflète la volonté de Pékin de s’imposer comme une puissance militaire capable de rivaliser avec Washington, tout en consolidant sa présence comme puissance régionale.
Si l’on rapporte ces budgets à la taille de l’économie de chaque pays, le classement change, avec en tête des pays menacés et déjà en conflit, comme l’Ukraine. Par ailleurs, plusieurs États, notamment la Russie et l’Arabie saoudite, consacrent une part bien plus importante de leur richesse nationale à leur défense que la Chine.
En Arabie saoudite, les dépenses militaires représentent plus de 6 % du PIB, une proportion très supérieure à celle observée en Chine, où ce ratio demeure sous les 2 %. Ce chiffre place la Chine à un niveau comparable à celui de nombreux pays européens, qui cherchent pourtant à renforcer leurs capacités face aux menaces perçues à l’Est.
La part dans les dépenses mondiales
Les chiffres montrent également que le poids de la Chine dans les dépenses militaires mondiales continue de croître. En 2023, la Chine représentait environ 13 % des dépenses mondiales de défense, un chiffre en progression constante depuis une décennie. Mais cette part reste bien en deçà de celle des États-Unis, qui assument à eux seuls près de 4 dollars sur 10 dépensés dans le monde pour la défense.
Des hausses de budget
Depuis 2013, la trajectoire des dépenses militaires révèle aussi des tendances marquées. Les États-Unis ont maintenu un niveau de dépense élevé, avec des ajustements au gré des administrations, mais — hors pays européen ou en guerre — c’est la Chine qui affiche la progression la plus spectaculaire.
En dix ans, Pékin a augmenté son budget militaire de plus de 50 %, traduisant à la fois une modernisation rapide de son armée et une adaptation à son ambition stratégique globale. Cette dynamique se retrouve également en Russie, où l’effort de guerre en Ukraine a profondément transformé les priorités budgétaires.
En Europe, plusieurs États, longtemps en retrait, accélèrent eux aussi leurs dépenses, notamment l’Allemagne depuis son « discours de la Zeitenwende » en 2022, qui a marqué un tournant stratégique face aux menaces de Moscou. En replaçant la hausse chinoise dans ce panorama global, il apparaît que si Pékin consolide sa position de deuxième puissance militaire mondiale, son effort reste contenu en proportion de son PIB.
Difficultés de méthodes
Pour les chercheurs, du Military Balance ou du Sipri, l’évaluation des dépenses militaires d’un pays est particulièrement complexe. D’abord, la définition même de ce qui constitue une dépense militaire varie selon les pays, rendant les comparaisons internationales parfois caduques. De plus, certains gouvernements classifient une partie de leurs dépenses de défense, limitant l’accès à des informations complètes.
Par ailleurs, certains budgets militaires seraient cachés. En 2022, le Pentagone a recalculé le budget militaire chinois et l’estime en réalité à plus de 700 milliards de dollars.
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Julien Gouesmat