L’ancien Lillois Pascal Cygan a joué à Arsenal de 2002 à 2006. Il y a disputé 98 matches et a fait partie des invincibles lors de la saison 2003-2004 (26 victoires et 1é nuls). Il évoque son arrivée dans un club qui jouait le titre chaque saison et la demi-finale mardi prochain entre les Gunners et le PSG.
Pascal Cygan, racontez-nous comment s’est déroulée votre arrivée Arsenal en 2002 après le LOSC…
J’ai complètement changé de monde à tous les niveaux, que ce soit au niveau médiatique, du prestige, du palmarès, avec des stars dans l’équipe comme Bergkamp, Henry, Vieira, Wiltord, Seaman…. C’était la folie! Ça a été extraordinaire et difficile à la fois. Extraordinaire puisque j’entrais dans un club qui figurait dans le top 10 européen… puis difficile parce qu’il fallait être au niveau de tous ceux joueurs-là. J’arrive dans un effectif composé que l’internationaux. Les jours de match, à côté de moi sur le banc, je n’ai que des internationaux, moi qui ne l’étais pas. C’était une bataille même aux entraînements, où il fallait museler Thierry Henry et je peux vous dire que ce n’était pas du gâteau.
À l’époque, tous ces Français dans l’effectif d’Arsenal, est-ce que ça vous a aidé dans votre intégration?
Oui et non. Ça m’a aidé évidemment car je suis rentré dans l’effectif plus facilement aux côtés des Français qui m’aidaient dans la traduction. Mais ça m’a un peu desservi, puisqu’il y avait moins d’assiduité, moins de pression de ma part sur mon niveau d’anglais. Et peut-être qu’à l’heure actuelle, le petit point noir de mon séjour à Arsenal, c’est que mon niveau d’anglais n’est pas à la hauteur de mon niveau espagnol.
Comment se passer la concurrence en défense avec notamment des joueurs comme Sol Campbell?
J’arrive pour remplacer numériquement Tony Adams, légende et capitaine du club. Dans l’effectif, il y a en défense Sol Campbell, international anglais, comme Martin Keown et Kolo Touré, qui va se révéler durant la saison. Donc je suis entouré que d’internationaux et c’est là où ma tâche était un peu compliquée, puisqu’il a fallu que je m’adapte un peu à un football et à une nouvelle vie.
Lors de la saison 2003-2004, vous faites partie de la génération des Invincibles: comment avez-vous vécu ce record?
Juste avant de démarrer le championnat, Arsène Wenger annonce au groupe qu’on va être champion et qu’on va faire une énorme saison. Et oui, à chaque match de championnat, on se rend compte qu’on est de plus en plus forts. À cette époque-là, en Angleterre, on reprochait aux équipes qui affrontaient Manchester United d’avoir peur de prendre quatre ou cinq buts. Cette saison-là, on avait l’impression, lorsqu’on allait dans le couloir pour entrer sur le terrain, que nos adversaires craignaient également d’en prendre quatre ou cinq. On passait quasiment la totalité du match à attaquer et moins à défendre.
Comment ça se passait dans le vestiaire avec l’objectif de rester invaincu?
Il y avait tellement d’individualités dans l’effectif (Freddie Ljungberg, Sol Campbell, Jens Lehmann, Dennis Bergkamp, Thierry Henry, Patrick Vieira…) qu’on ne s’inquiétait pas de savoir si on allait perdre le week-end prochain. Il y avait une force naturelle qui se dégageait, une confiance aux partenaires: on savait tôt ou tard que dans le match Thierry Henry, Sylvain, Wiltord, Robert Pirès où Freddie Ljungberg allaient faire une différence qui nous permettrait de remporter le match. On planait, on ne se prenait pas la tête…. je n’ai pas le souvenir d’avoir vu ou entendu Arsène Wenger craindre pour tel ou tel match à venir.
Cette invincibilité a marqué ce groupe de joueurs dont vous faisiez partie…
Tout à fait, on a des groupes WhatsApp d’anciens avec David Dean, Arsène Wenger, tout le staff et tous les joueurs évidemment pour maintenir le contact. On a fait aussi des matchs d’anciens Gunners il y a quelques années en aller-retour contre le Real Madrid à Bernabeu et chez nous. On a fait la même chose contre l’AC Milan. Ce record d’invincibilité va rester à jamais dans nos vies.
Pour cette demi-finale entre le PSG et Arsenal, le rapport de force semble avoir bien changé par rapport à la première phase de la Ligue des champions où Arsenal était largement au-dessus (2-0 le 1/10/2024)…
Oui, à l’époque Arsenal est favori à plus de 80 %, là on sera plus sur du 50/50 alors que l’on va jouer à l’Emirates. J’ai entendu dire que les Anglais craignaient énormément le PSG quasiment plus que le Barça puisqu’ils ont été extrêmement impressionné par l’élimination de Liverpool surtout à Anfield où les parisiens ont impressionné le monde entier.
Les Gunners ne vont pas prendre ce match à la légère, surtout s’il n’y a pas Thomas Partey. Alors ce n’est pas la star de l’équipe, en début de saison, il n’était pas titulaire à ce poste-là mais on se rend compte que c’est lui qui fait des grosses différences à ce poste-là. Il risque d’y avoir le jeu des chaises musicales avec Merino qui devrait passer d’avant-centre à numéro 6 et probablement Leandro Trossard en attaquant axial. Je pense qu’il y a un risque pour l’équilibre de l’équipe et ça devrait être un plus pour le PSG.
Pensez-vous que ce sera serré entre les deux équipes?
Les deux équipes vont vouloir la possession. À domicile, Arsenal va la prendre. Ensuite est-ce que Paris va être dans des dispositions à attendre et à contre-attaquer rapidement?
En Premier League, on a l’impression qu’Arsenal redevient une équipe du haut tableau mais encore un peu courte pour jouer le titre comme à votre époque…
Le dernier titre d’Arsenal, date de 2004, ça fait une éternité pour un club du top 10 européen. Ce qui a changé au sein du club, c’est le mode de recrutement. Il n’est plus basé sur des joueurs internationaux d’expérience mais sur des jeunes en devenir ou du club. C’est peut-être aussi pour ça que c’est un peu plus compliqué de durer sur le long terme sur une saison. Pour le Arsenal d’Arteta, il y a un déficit d’aura, d’expérience ou de puissance imposée à l’adversaire. Il faut imposer de la peur à l’adversaire Arsenal le fait avec son jeu mais pas avec les joueurs comme ce fut le cas à mon époque.
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