LUDOVIC MARIN / AFP
Opinion
Par Marianne
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Selon un sondage Elabe publié ce mardi 4 mars, trois Français sur quatre (73 %) estiment que les États-Unis ne sont pas aujourd’hui un allié de la France. Une majorité d’entre eux se disent par ailleurs « choqués » après l’altercation à la Maison-Blanche entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky. L’inquiétude que le conflit militaire se propage jusqu’en France reste par ailleurs élevée.
Les États-Unis de Donald Trump, plus un allié de la France ? Après les sorties de plusieurs responsables politiques, tels que l’ancien président de la République François Hollande, c’est l’opinion française que le dit. Selon un sondage Elabe pour BFMTV publié ce mardi 4 mars, 73 % de nos compatriotes ne considèrent pas aujourd’hui les États-Unis comme un allié de la France – soit trois Français sur quatre. Si ce constat est partagé dans tous les électorats du premier tour des élections législatives anticipées, il est d’autant plus fort chez les électeurs du Nouveau front populaire (81 %) et d’Ensemble (75 %).
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Alors qu’une rencontre s’est tenue à la Maison-Blanche entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky ce vendredi 28 février, 73 % des Français se déclarent « choqués » par l’altercation qui a éclaté devant la presse lors de cet échange. Un sentiment majoritaire dans tout l’électorat, même du côté des électeurs du parti de Marine Le Pen (61 %), qui tente actuellement de fixer une ligne face au président américain et à la guerre en Ukraine.
L’ex-candidate RN à la présidentielle n’avait vu dans l’affrontement verbal entre les deux dirigeants, survenu la veille dans le Bureau ovale que des « frictions », jugeant, ce samedi 1er mars, « assez normal », « qu’il puisse y avoir des mots durs »… avant de rétropédaler quelque peu devant l’Assemblée nationale deux jours plus tard, esquissant des critiques envers Donald Trump.
Poursuivre l’aide à l’Ukraine
Pour l’opinion française, le président des États-Unis est jugé responsable de cette algarade (59 %) selon ce sondage. Seuls 8 % des Français estiment que la faute revient au président ukrainien – quand 19 % d’entre eux pensent que la responsabilité est partagée. D’ailleurs, 65 % des Français assurent avoir « une bonne image » de Volodymyr Zelensky, alors que 80 % d’entre eux ont « une mauvaise image » de Donald Trump – et cela grimpe même à 86 % concernant Vladimir Poutine.
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La volonté de poursuivre l’aide militaire à l’Ukraine reste majoritaire dans l’opinion… et progresse même fortement depuis juin 2024. Ainsi, 20 % des Français estiment que la France doit « accentuer » son soutien militaire à l’Ukraine, 44 % qu’elle doit « continuer » comme aujourd’hui. Seuls 18 % des Français veulent « réduire » ce soutien.
À noter que cette volonté d’accentuer ou de continuer est ultra-majoritaire parmi les électeurs d’Ensemble (91 %). Mais parmi les électeurs du Rassemblement national (RN), c’est le constat inverse. 59 % d’entre eux veulent « réduire » ou « arrêter » (32 %) cette aide militaire à l’Ukraine.
L’inquiétude face à une propagation du conflit
En revanche, un point ne bouge pas depuis juin dernier : l’inquiétude que le conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine se rapproche de l’Europe. 76 % des Français sont ainsi inquiets que le conflit militaire se propage dans d’autres pays proches de la Russie et 64 % qu’il se propage… en France.
Par ailleurs, une majorité de Français (68 %) est toujours opposée à l’envoi de troupes françaises de combattants pour aider l’Ukraine si la guerre avec la Russie se poursuit – notamment parmi les électeurs RN (83 %). Cependant, 67 % des Français se disent « favorables » à l’envoi de troupes françaises pour garantir la paix si un accord de paix avec la Russie est signé.
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Dernier fait non négligeable de ce sondage : l’opinion française se montre favorable à l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan (70 %), mais reste divisée sur le calendrier. 40 % veulent que ce soit après la guerre avec la Russie, 30 % « dès maintenant » et 29 % y sont « opposés ». Même constat concernant l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne : une majorité d’entre eux sont pour (66 %) – 35 % après la guerre, 31 % maintenant et 33 % s’y opposent. Ce sont les électeurs de droite qui soutiennent le plus l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan et l’UE.
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne