La promesse faite par le candidat Donald Trump de rendre l’Amérique plus prospère se heurte à la réalité économique : les chiffres publiés ce mercredi révèlent un recul du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis au premier trimestre, contrastant brutalement avec la dynamique positive qui animait l’économie américaine fin 2024. Alors que le président célébrait ses 100 premiers jours de son second mandat, cette douche froide soulève de sérieuses questions sur l’impact de sa politique commerciale protectionniste.
Le PIB, baromètre de la richesse nationale, a enregistré une contraction de 0,3 % en rythme annualisé durant les trois premiers mois de l’année, une période coïncidant avec le début du second mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche. Ce résultat, dévoilé par le ministère du Commerce, marque un net fléchissement de 0,1 % par rapport au trimestre précédent et s’avère bien en deçà des prévisions des analystes, qui tablaient pourtant sur un ralentissement (+0,4%).
Les importations en flèche, le PIB trébuche
Selon le ministère du Commerce, ce recul reflète « en premier lieu une hausse des importations, qui se soustraient au calcul du PIB, ainsi qu’une baisse des dépenses de l’Etat fédéral ». Parallèlement, la diminution des dépenses de l’État fédéral a également pesé. « Ces tendances ont été en partie compensées par davantage d’investissements, de dépenses de consommation et d’exports », insiste néanmoins le ministère.
Ce bond des achats à l’étranger n’est pas un hasard. Les experts y voient la conséquence directe de la stratégie des entreprises cherchant à s’approvisionner avant l’entrée en vigueur de nouveaux droits de douane massifs. Anticiper le remaniement brutal de l’économie orchestré par Donald Trump est devenu une priorité pour beaucoup. Ironiquement, cette anticipation, bien que logique d’un point de vue microéconomique, contribue à un tableau macroéconomique moins reluisant. Jusqu’à présent, l’accumulation de stocks avait soutenu le PIB, mais cet effet semble s’essouffler.
Un ralentissement qui pourrait s’accentuer
L’économie américaine affichait pourtant une belle santé jusqu’à peu, avec une croissance de 2,4 % au dernier trimestre 2024 (en rythme annualisé), un taux de chômage au plus bas et une inflation en voie de stabilisation. Cependant, un autre signal inquiétant est apparu ce mercredi matin : le secteur privé américain a créé beaucoup moins d’emplois qu’attendu en avril, confirmant un essoufflement de la dynamique économique. L’attention se tourne désormais vers l’indice PCE, attendu plus tard dans la journée, qui apportera des indications cruciales sur l’inflation et la consommation.
Alors que Donald Trump continue de défendre avec ferveur son offensive protectionniste, promettant un nouvel « âge d’or » économique, les premiers indicateurs de son second mandat jettent une ombre sur ces ambitions. Son discours volontariste, martelé la veille lors d’un rassemblement dans le Michigan, peine à masquer les signaux de fragilisation économique.
Un pari risqué pour les Américains
« Je considère que l’impact des présidents sur la performance économique est surévalué, surtout pendant les 100 premiers jours du mandat, confiait à l’AFP Tara Sinclair, professeure d’économie à l’université George-Washington, avant la publication des chiffres. Mais cette fois, c’est différent, parce que le bond des importations découle directement d’une stratégie d’évitement par les acheteurs des droits de douane du président.»
« Même le gouvernement admet que ce sera douloureux à court terme, et la question qu’on se pose maintenant c’est : est-ce que ça en vaudra la peine pour les citoyens américains ? », s’interroge Tara Sinclair. Selon elle, la politique douanière, censée revitaliser l’industrie nationale, manque actuellement de cohérence et de prévisibilité pour inciter les entreprises à investir massivement dans le made in USA.
« Le risque, c’est qu’on ne fabrique pas davantage aux États-Unis, et qu’on perde dans le même temps la capacité d’acheter bon marché à l’étranger »,met en garde l’économiste.
L’équation économique de Donald Trump, fondée sur un protectionnisme agressif, semble pour l’instant générer plus d’incertitudes que de prospérité tangible.
(Avec AFP)
Les Bourses européennes tanguent face au repli du PIB américain
Les Bourses européennes ont viré au rouge ce mercredi après la publication du produit intérieur brut (PIB) américain. Le recul de 0,3 % de la première économie mondiale, plombée par une envolée des importations, a semé l’inquiétude sur les marchés. Première mesure trimestrielle du PIB américain depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, ces données étaient scrutées de près après des premiers mois marqués par la volatilité liée aux droits de douane. Vers 15 h 20, la Bourse de Paris cédait 0,18 %, Francfort reculait de 0,42 % et Milan abandonnait 1,36 %, témoignant de la nervosité des investisseurs face aux implications de ce ralentissement.
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