Direction Bacon. Dès la sortie de l’autoroute qui conduit vers Martigny, dans le Valais Suisse, Bacon est mentionné partout. Un peintre maudit indiqué comme un lieu-dit. Au-dessous des panneaux d’indication de la ville, sur les devantures des commerces jusqu’à celle d’un restaurant de steaks avec Bacon collé sur la vitrine. On sourit.
Ensuite, on ne sourit plus. Au fin fond de la vallée, une trentaine d’œuvres du maître anglais racontent les fins fonds troublés de l’âme humaine. Bacon est célèbre comme le sont Turner, Blake, Gainsborough, Burne-Jones et Hockney, son presque contemporain (vingt-huit années de moins que lui).
Si comparaison n’est pas raison, difficile de s’empêcher de la faire. Hockney a choisi d’être heureux, de prolonger une enfance épanouie. Bacon a fréquenté amis et amants qui ont mal, voire, font mal. Ils prolongent une enfance terrible. Sa mère, grande mondaine, ne s’occupe pas de lui. Son père le déteste et le fait battre. Privé d’amour, Francis Bacon n’est pas considéré, jamais regardé. Il ne cessera ensuite de vouloir l’être, comme les personnages qu’il peindra.