Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a remporté une victoire significative lors des élections législatives du 3 mai, consolidant la position du Parti travailliste. Cette réélection reflète un choix clair des électeurs pour la stabilité et la continuité. Albanese, acclamé par ses partisans à Sydney, a exprimé sa gratitude envers les électeurs, soulignant leur préférence pour « l’équité » et « l’optimisme ». Le Parti travailliste a obtenu la majorité à la chambre basse, remportant 76 des 150 sièges, tandis que la coalition conservatrice, menée par Peter Dutton, a subi une défaite cuisante, ne remportant que 29 sièges.
Le coup de théâtre de ces élections a été la perte de son propre siège par Peter Dutton, chef de l’opposition. Il a reconnu la responsabilité de cet échec, imputant sa défaite à une campagne jugée trop proche des politiques de Donald Trump. Ses propositions, telles que la réduction de la fonction publique, le développement du nucléaire civil et une rhétorique dure sur l’immigration, ont rebuté une partie de l’électorat, déjà préoccupé par la hausse du coût de la vie et l’incertitude économique mondiale.
Singapour : la stabilité comme argument majeur
À Singapour, les élections législatives du 3 mai ont constitué un premier test pour le nouveau Premier ministre, Lawrence Wong, et son Parti d’action populaire (PAP), au pouvoir depuis 1959. Malgré une opposition plus dynamique, le PAP reste largement favori. La guerre commerciale lancée par Trump, avec la menace d’une récession en 2025, a offert à Wong l’opportunité de se présenter comme le garant de la stabilité face à la tempête économique mondiale. Les électeurs, en particulier les jeunes, semblent toutefois désireux d’une représentation accrue de l’opposition, le Parti des travailleurs ayant déjà progressé lors des précédents scrutins.
Canada : la surprise libérale
Au Canada, la victoire inattendue du Parti libéral de Mark Carney s’explique en partie par la crainte d’un rapprochement trop marqué avec Trump de la part du conservateur Pierre Poilievre. Les Canadiens, inquiets pour leur souveraineté et l’avenir économique du pays, ont préféré la continuité et la fermeté face à Washington, Carney promettant de maintenir des droits de douane et de diversifier les partenaires commerciaux.
Dans ces trois démocraties, l’incertitude générée par la politique commerciale de Trump et la volatilité géopolitique ont renforcé l’attrait pour les sortants ou les partis perçus comme garants de la stabilité. En Australie et au Canada, l’ombre de Trump a pesé sur les débats et incité les électeurs à privilégier la prudence. À Singapour, la même dynamique pourrait permettre au PAP de conserver sa mainmise, malgré une opposition en progression.
L’agressivité de la politique de Washington a, paradoxalement, consolidé la position des gouvernements en place dans ces trois pays. Les électeurs ont majoritairement choisi la sécurité d’une gestion éprouvée à l’aventure d’un changement, dans un monde où la stabilité devient une valeur refuge. Ce scrutin semble indiquer une certaine forme de rejet des politiques considérées comme trop imprévisibles ou agressives, et un désir de maintenir un équilibre dans un contexte international tendu.
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