Préparer la France à un réchauffement pouvant atteindre 4°C degrés. Voilà l’objectif du troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), présenté ce lundi après plusieurs reports. C’est la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, qui va dévoiler la « version finalisée » de ce plan qui doit prévoir un « ensemble d’actions concrètes pour adapter notre territoire » à l’évolution du climat, selon le gouvernement.
Parmi la cinquantaine de mesures du projet présentées en octobre figure le renforcement du fonds Barnier, créé en 1995 pour aider collectivités, petites entreprises et particuliers à financer les travaux nécessaires pour réduire leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles, pour le porter à 300 millions d’euros. Insuffisant, avait commenté France Assureurs. Parmi les autres mesures : un renforcement des protections pour les travailleurs exposés aux canicules, différentes études et diagnostics pour mieux adapter transports et exploitations agricoles, une évolution des règles de rénovation des logements ou encore une protection des principaux sites culturels français comme la tour Eiffel ou le Mont Saint-Michel.
Un plan insuffisant ?
Si ce plan présente « un certain nombre de bonnes intentions », il se « heurte au fait qu’on ne sait pas si elles sont financées et comment elles sont pilotées », a commenté auprès de l’AFP Nicolas Richard, vice-Président de France Nature Environnement (FNE). « Il montre la bonne direction mais il lui manque une tête et des jambes », regrette-t-il.
Attendu depuis fin 2023, le plan avait été annoncé comme un des axes majeurs de la stratégie du gouvernement Borne pour lutter contre le changement climatique, en complément de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Mais il n’avait cessé d’être repoussé au gré de diverses échéances politiques, jusqu’à la dissolution de juin qui l’avait une nouvelle fois différé.
Une consultation publique a finalement été lancée fin octobre après présentation du projet, qui se base sur une trajectoire de réchauffement de référence à +2,7°C en 2050 et +4°C en 2100 en France.
La France exposée au changement climatique
Les épisodes caniculaires de 2022 et les inondations à répétition qu’a connues la France en 2024 ont prouvé à chacun la nécessité de s’adapter rapidement. En juin, le Haut conseil pour le climat avait jugé que le pays n’était pas à la hauteur, réclamant un « changement d’échelle dans l’adaptation ». Quelques mois plus tôt, la Cour des comptes avait pressé les pouvoirs publics de « prendre conscience » de l’urgence de s’attaquer à ce chantier, qui exige selon elle un « mur d’investissements ».
Et pour cause, selon les cartes élaborées par BPI France les entreprises sont exposées au risque de sécheresse, d’inondations ou de retrait des sols argileux sur plus de la moitié du territoire. Ces risques impliquent la raréfaction de certaines ressources (dont l’eau, essentielle dans certaines industries) et donc l’augmentation des prix ; la fatigue accrue et la moindre productivité des salariés ; le fonctionnement dégradé des bâtiments, équipements et infrastructures, etc.
En cas d’inaction, la France connaîtrait ainsi une perte de richesse potentielle de 10 points de PIB en 2100 ; un milliard d’euros par an pour notre agriculture en 2050 ; jusqu’à 500 000 logements menacés par le recul du trait de côte d’ici 2100.
(Avec AFP)
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