Terminée par la chute de Saïgon le 30 avril 1975, la guerre du Vietnam s’est aussi jouée sur le terrain des idées. Particulièrement en France, où les intellectuels ont pour la plupart vu dans ce conflit la faillite morale la civilisation occidentale.
Jean-Paul Sartre (1905-1980) et l’impossible dialogue avec les Américains
En 1966, le philosophe est nommé président exécutif du Tribunal Russell chargé de dénoncer les crimes de guerre des États-Unis au Vietnam. Ce sera donc lui, le philosophe le plus célèbre du monde, et non Bertrand Russell – trop âgé pour se rendre à Stockholm où se déroulent les séances –, qui en sera l’acteur principal. Mais l’engagement de Sartre commence en réalité un an auparavant. En 1965, l’auteur de l’Être et le Néant annule une conférence qu’il devait donner à l’université de Cornell, aux États-Unis. Par cet acte, il refuse de cautionner les bombardements américains sur le Nord-Vietnam décidés par Lyndon Johnson.